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Elenna Anastasia Varden

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Elenna A. Varden
Elenna A. Varden
classifié(e) comme
Agenda
IdentityOccupation : Reine en devenir
Statut : Célibataire
Avatar : Olga Kurylenko
Message signé Elenna A. Varden le Dim 28 Sep - 10:48

Elenna Anastasia Varden


feat. Olga Kurylenko


Identité


 
Âge : 111 ans réellement / 33 ans physiquement
Lieu et date de naissance : Le 18 juin 1901 en Russie, au château de Peterhoff
Appartenance : Etrangère à ces terres, d'après votre classement. Même si je me considère comme Britlingan.
État civil : Célibataire
Profession : J'étais une mercenaire au service du roi des vampires d'Océanie, du moins dernièrement. Aujourd'hui je suis simplement à la recherche de ce qui me revient de droit.
Pouvoirs : Ceux inhérents à ma race uniquement, avec une pointe d'élégance, d'arrogance propre aux Grands de ce monde, à ceux qui connaissent leur limite et ont vécu plus d'une vie... Et j'ai également l'impudence d'être un des êtres de ce monde les plus dangereusement préparés à donner la mort. Est-ce suffisant? Oh! Et j'oubliais, grâce à ma dernière allégeance sur Terre je suis aujourd'hui capable de marcher au soleil.
Particularité : Mon histoire vous la révélera, si vous parvenez à survivre jusqu'au bout évidemment...
Arme de prédilection : Je suis ma propre arme. Britlingan, marchombre, britlingan à nouveau, mercenaire... Je suis ma propre arme, même si je sais utiliser la plupart d'entre elle avec plus ou moins de dextérité soyons honnête.
Sexualité : J'aime les hommes si c'est votre question, mais l'expérience m'a prouvé que les femmes ne sont pas mal non plus.
Moteur: Mon fils est ma seule ambition, le reste n'a que peu d'importance. Chaque pas que je fais me mène un peu plus à lui et prépare notre vengeance... Je défie quiconque de se mettre en travers de mon chemin! Qui ou quoi qu'il soit!

PHYSIQUE : Remplissez simplement les champs...
₪ Taille : 171 cm
₪ Poids : 53 kg
₪ Couleur et longueur des cheveux : Brun/Corbeau et long
₪ Couleur de peau : Crémeuse et velouté, de miel si vous vous y attardez, vous voulez goûter?
₪ Couleur des yeux : J'ai les yeux verts d'eau ou gris acier selon mon humeur.
₪ Autre chose à nous faire savoir : Etes-vous vraiment préparé(e) à entendre les réponses du poète, comme celles du savant? Laissez-moi en doutez... Je fais partie intégrante de l'histoire du monde et je m'apprête, par ma simple existence à bouleverser certaines de vos pseudos-vérités établies...



SIGNES PARTICULIERS ;
₪ Allergie(s) : Vous ne connaissez vraiment rien aux vampires vous ?!
₪ Tatouage(s) : Un papillon entre mes épaules. Indique-t-elle d'un ton et d'un regard laissant clairement entendre à son interlocuteur qu'elle ne souffrirait aucune question... Et un "D" au creux du poignet droit. Poignet généralement camouflé par un bracelet de cuir.
₪ Cicatrice(s) : *Un petit sourire qui n'atteint pas ses yeux, s'étire lentement sur ses lèvres. Un sourire qui ne laisse pourtant rien transparaître des pensées de la belle". Beaucoup. Je sais que vous êtes curieux, mais à moins d'avoir une vie à passer sur cette question, vous devrez vous satisfaire de cette réponse, pour l'instant en tout cas. J'ai eu une vie avant d'être vampire, gardez juste cela à l'esprit... Et si vraiment vous êtes curieux je pourrais peut-être vous les montrer simplement? * Lentement, elle se lève, féline pour dégrafer le premier bouton de son col, suavement...* Plus tard, peut-être, vous n'êtes pas encore prêt!
₪ Maladie(s) : *Petit sourire ironique*. Ne vous inquiétez pas pour moi.
₪ Piercing(s) : Les oreilles uniquement... La plupart du temps en tout cas...
₪ Autre(s) : J'ai une bonne hygiène en général et me brosse les dents matin et soir? Est-ce que je peux partir à présent ? ...
CARACTÈRE :
Sauvage: je ne me laisse pas approcher facilement c'est vrai. Mais c'est le meilleur moyen que je connaisse pour dissuader et pour limiter les problèmes. La confiance ne s’achète pas, et ne doit pas se donner à mon sens. Ma famille, mes familles en ont payé le prix, je n’ai pas l’intention de refaire la même erreur, une troisième fois... La liberté, la véritable liberté est de faire en sorte de ne dépendre de personnes et que personne ne dépende de vous, l'expérience m'aura au moins appris cela. Alors oui je vous paraîtrai sans doute sauvage, mais sauvage par nécessité...

Froide: ne dit-on pas que l'attaque est le meilleur moyen de défense? C'est en tout cas ce que je pense. Alors j’use de toute sorte de procédés, plus ou moins légaux, plus ou moins honnêtes, plus ou moins respectueux, plus ou moins naturels pour mener à bien les missions qui sont les miennes. Je ne m’attache pas, je ne donne pas même mon nom en général, et s’il le faut vraiment, je mens… « Oui vous disiez ? Une question ? … » A oui, petit détail, j’hésite rarement avant de donner la mort, c’est ma vie, mon métier, j'ai appris des meilleurs et... j'ai choisi il y a longtemps d'éteindre mes émotions…Alors ne vous leurrez pas à mon sujet et ne perdez pas de temps - le votre comme le mien - à tenter de révéler une âme que que j'ai éteinte...

Directe: n'ayez crainte si j'ai quelque chose à vous dire, je le ferais sans hésitation, je ne suis pas du genre à tourner autour du pot, tenez-vous le pour dit! Je ne suis plus humaine depuis bien longtemps, j’ai tourné le bouton off sur les émotions, quoique, en y réfléchissant, je n’ai jamais été douée pour cacher ce que je pensais. Humaine déjà, je savais ce que je voulais et n’hésitais pas à l’exprimer… Et j'ai aujourd'hui trop de bouteille pour perdre mon temps en circonvolutions inutiles. Tenez-le vous pour dit...

Létale: Je n'ai pas la langue dans ma poche, mais j’ai bien d’autres arguments à portée de main. La violence gratuite, ce n'est pas vraiment mon genre. J’ai plutôt l’assurance de ceux qui savent de quoi ils sont capables.

Capricieuse : Il y a des choses que l’on emmène avec soi dans la mort. Et la grande Duchesse Anastasia étais une jeune femme fougueuse, capricieuse, frondeuse à loisir. Si la mort des miens a émoussé considérablement mon caractère, si ma vie auprès des Britlingans à changer la manière dont je pose mon regard sur le monde, dont je me perçois même, si ma transformation en vampire a fait de moi une tout autre personne, je continue à détester que l’on me dise… NON !

Légère: Vous n'imaginez pas combien cela peut se révéler utile! Mon corps est une arme comme les autres, l'outil même de mon métier. Il est le temple de mes missions et des objectifs que je me suis donnés. Et non, il y a bien longtemps que je ne fais plus l'amour si c'est la question que vous vous posez?

Revancharde: Ahhhh mais ça ce n'est pas de ma faute! Je n'ai jamais demandé à quiconque de me manquer de respect... Si le temps n'a pas émoussé quelque chose chez moi c'est bien cela. Mon côté sanguin. Néanmoins, sans rien oublier de l'affront qui m'est fait, il est important de savoir que je saurais me venger quand l'instant se présentera... La vampire que je suis est née de ce sentiment de vengeance et je suis son plus fidèle sujet...

Énigmatique: Si avoir un jardin secret c'est être énigmatique alors je le suis sans nulle doute. Il est des choses que j'ai moi-même choisi d'oublier, ou que le temps m'a aidé à émousser. Je ne vois aucun intérêt à déblatérer sur ce qui a été, ou plutôt aurait pu être. Tout mon être se tourne vers le présent, vers mon objectif. Mon passé et mes secrets n’ont aucun intérêt, alors à quoi bon les déterrer?

Matérialiste: Matérialiste, c'est peut-être un terme un peu trop fort. Il m'arrive parfois de faire preuve d'un peu de nostalgie quand je retrouve une pièce de ma vie d'avant. Je n'ai jamais oublié d'où je viens, mes larmes et les sacrifices que j'ai dû faire pour survivre. Alors je suis peut-être un peu possessive, matérialiste en un sens je vous l'accorde, mais je tiens à peu de choses dans ma non-vie... A quoi je tiens vous dites? Mais à rien ni personne évidemment...  Twisted Evil

 

Histoire



Ce que je m’apprête à vous dire, je ne l’ai jamais dit à personne, pas depuis la mort de Stepan en tout cas. Je crois que le monde entier a oublié qui je suis, je l’espère j’imagine, je n’ai moi-même  pas envie de m’en souvenir ! Aujourd’hui, on me connaît comme Elenna Anastasia Varden, oui je sais c’est assez ironique. Mais au début, Stepan ne voulait pas me laisser oublier et ensuite, j'imagine qu'une part de moi s'y est habituée et s'y est attachée pour une raison ou pour une autre…

Ça y’est, je vous ai déjà perdu ? Et bien reprenons depuis le début, je me présente, Anastasia Nikolaïevna de Russie, je suis née le 18 juin 1901 en Russie, au château de Peterhoff exactement, à quelques kilomètres à peine de Saint-Petersbourg. Je suis la fille de l’empereur Nicholas II de Russie et de sa femme, l’impératrice Alexandra Feodorovna.

Enonce-t-elle un sourire sarcastique au coin des lèvres, sourire qui pour autant ne parvient pas à éclaircir cette glace qui tapisse son regard...

Quelques images du passé...:

Si je n’ai pas oublié qui je suis, du moins qui j’étais, j'ai par contre fait le choix d'enfouir au plus profond de moi les souvenirs de cette période de ma vie. Il m'en reste tout au plus, quelques éclats de rire avec mes parents, mon frère et mes sœurs (Olga, Tatiana, Maria et Alexis le petit dernier de la famille). Je me souviens de la « Petite Paire » que nous formions avec Maria, du moins j'imagine que je m'en souviens, je veux dire, que ce sont mes propres souvenirs et pas ceux créés de toutes pièces par de pseudos écrivains ou scénaristes... En tout cas, nous étions inséparable à cette époque-là, je crois, en tout cas j'aime à le penser et m'en souvenir ainsi.

Je me souviens également que j’aimais me glisser dans les ombres, dans les couloirs, derrière les portes secrètes pour tout écouter. J’adorais jouer des tours à nos serviteurs, déplaçant des meubles ou des objets dès qu’ils tournaient le dos, dans l’unique but de les effrayer. Là je sais que ce sont bien mes propres souvenirs, car sans me venter, nul écrivain ou scénariste ne saurait retranscrire les traits de filouterie de mon enfance.

Les passages secrets étaient mon terrain de jeu, puisque l’on me refusait d’être instruite parmi la population, s’était ma manière de mieux les connaître, de combler cette éducation monarchique que l’on nous donnait. J’aimais jouer, je détestais être traitée comme une poupée, j’adorais filer dès que je le pouvais à une séance de cinéma ou de théâtre, ou pour photographier ce qui m’enthousiasmait… J’adorais les rues de notre ville, n’être qu’une parmi tant d’autres, découvrir les jeux des enfants de l’époque, les partager même quand je le pouvais et quand mes fuites ne m’attiraient pas trop de punitions. Je crois que j’étais pour l’époque un vrai garçon manqué. Curieuse de la vie et d’apprendre mille et une facéties… Je crois aussi que je désespérais mes parents. Que dire d’une grande duchesse qui espère devenir actrice, qui refuse de se plonger assidûment dans les cours, d’apprendre sa langue maternelle (l'Allemand) pour au contraire apprendre le français et jouer avec ses chiens. Je n’étais pas exactement l’enfant idéale, du moins pas celle que pouvait espérer avoir une famille royale. Sans compter que franche de nature, mes parents avaient appris à craindre chacune de mes rencontres publiques. Parait-il que la vérité n’est pas toujours bonne à dire, c'est encore une concept qui aujourd'hui me fait sourire…

Alors est-ce que j'étais heureuse ? Oui probablement, ça y ressemblait en tout cas, à l'image que vous vous faites du bonheur j'entends. J’avais de quoi me nourrir dans mon assiette, une famille qui m’adorait, j’étais surprotégée, un avenir tout tracé m’attendait. Je crois que nombre de petites filles en rêvaient/rêveraient.

D’un autre côté, je crois aussi que j’étouffais dans cette vie, je n’avais pas 6 ans que l’on me présentait déjà à ce que l’on pourrait qualifier d’héritiers légitimes; parfois ayant l’âge d’être mon propre père. Mes sœurs avaient le maintien, l’éducation et étaient plus ou moins dociles… Moi j’avais la fougue et la beauté (moins que Tatiana, mais je possédais une beauté scandaleuse qui dénotait). Quand elles ont accepté de se résigner à leur sort, moi, au contraire, j’ai décidé de profiter de la vie et de ce qu’elle m’offrait. Rapidement j’ai compris que nul n’oserait s’interposer à mes idées. Les hommes, les garçons, le mariage, les enfants, les responsabilités… tout ça me passait largement au-dessus de la tête. Et encore aujourd’hui, je me demande ce qu’il y avait de mal à simplement vouloir exister. J’étais fougueuse, j’aimais les galopades à travers champ, j’aimais marcher et rencontrer les gens. Curieuse avant tout, enjouée. Mes tutrices me répétaient d'ailleurs régulièrement que j’étais née dans la mauvaise famille, que j’étais le vilain petit canard de la lignée. Qu’allait-on faire de moi? D’une fille indisciplinée, qui refusait de se plier à toute autorité ? Mais je m'en moquais! Plus on essayait de me brimer et plus je me rebellais. Plus on me proposait de riches héritiers et plus je m'envisageais comme l'épouse d'un roturier...

C’est d’ailleurs en tentant une nouvelle fois de faire savoir combien ces bals organisés m’énervaient qu’à l’âge de 13 ans j’ai fini par rencontrer celui qui presque un siècle plus tard contrôlerait mon quotidien. A cette époque, mes sœurs arrivaient en âge de se marier et cette soirée, en plus d’être mon entrée dans le monde, était censée confirmer l’inclination qu’Olga prétendait avoir pour Boris Vladimirovitch de Russie.

Je suis donc entrée, cette nuit-là dans la grande salle, vêtue d'une merveilleuse robe de bal, brillante de mille feux. Je portais un diadème orné d’or blanc et de diamants, et j’étais au bras d’un prétendant dont je ne me souviens pas même le nom. Je me souviens par contre m'être cramponnée à lui comme à une bouée de sauvetage lorsque j'ai descendu, terrorisée, le grand escalier du palais. Lui ai-je laissé quelques meurtrissures? Cela expliquerait pourquoi il semblait si soulagé quand je me décidais à lui fausser compagnie. A moins que les "on dit" aient eu raison de lui ?

Pourtant la tête haute et le regard bien droit je me suis obligée à avancer. Malgré tout ce que je pouvais faire ou dire, j’étais et restais encore la grande-duchesse Anastasia, plus que mon éducation, la prestance et l’élégance coulaient dans mes veines. Mais je n'ai jamais su me résigner au rôle que l'on me donnait et ce soir-là ne fut pas différent… J’ai dansé avec mon père pour ouvrir le bal, puis avec mon cavalier. Je me suis pliée aux obligeances de cette soirée qui m’était réservée, mais dès que je l’ai pu, je me suis esquivée. Dieu que ces gens étaient fatigants à sans-cesse parler de politique, d’économie, de tableaux et de richesses. Où étaient la vie, l’aventure, l’expérience et la curiosité dans tout ça ? Alors je me suis faufilée en cuisine chaparder du piment pour les boissons, je me suis glissée dans les coins sombres à la recherche d’araignées à glisser sous les jupons et enfin je me suis glissée jusqu’à l’orchestre pour leur ordonner d’abandonner les valses de Vienne pour le french cancans. Malheureusement, l’air bien que familier à ces interprètes de haut vol, ils m’avaient refusé de le jouer. Mon père avait semble-t-il ordonné d’être le seul à pouvoir déterminer les musiques de la soirée. J’étais trop connue je le reconnais volontiers, au point que même l’accès jusqu’au buffet était surveillé. On avait tout prévu pour m’empêcher de "m’amuser"… Voilà qui assombrissait encore davantage ces festivités. Aussi, après avoir tempêté et hurlé sur le chef d’orchestre sans succès, je me suis retournée décidée à faire connaître mon mécontentement à mon père, pour finalement m’écraser contre la poitrine d'un inconnu…

Je sais, je sais, vous vous dites sans doute que pour une personne qui n'a que peu de souvenir de son enfance, certains paraissent pourtant bien précis ?! Mais ne perdez pas le fil, à defaut de patience, ce souvenir est sans aucun doute l'un des plus marquant de mon existence. Le début d'un long chemin qu'il vous reste à découvrir.

Cet inconnu donc...

-L'étiquette ne prévoit pas de rencontre aussi frontale monsieur… Veuillez libérer ma route !

Lui ai-je lancé les joues rosies par mon agacement. Les yeux fixés sur son torse et les mains sur les hanches je me refusais à tout mouvement. Diable, c'était pourtant MA soirée !

De longues heures d’ennuis mortels m’attendaient et je détestais m’ennuyer… Mais il est arrivé, il m’a d’abord fait savoir que m’a réputation semblait à la hauteur de ce qu'il avait entendu au-delà de nos frontières, et en ces simples mots il avait réussi à éveiller ma curiosité.

Je crois sincèrement que c’était son humour qui m’avait captivée à ce moment-là. Ce calme et cette patience que mon arrogance parvenait à peine à relever chez lui. Peut-être nous ressemblions-nous alors ? A moins que ce ne soit l’ennui évidemment, mais m'en faire un ami d'un soir fut presque comme une évidence. D’un mot à l’autre, d’éclat de rire en confession, il en est même arrivé à me proposer son aide pour mettre mon plan à exécution... Alexei Stakanov, voilà le pseudonyme qu’il m’a donné de lui avant de me demander de lui faire confiance et de le laisser mener « la danse ».

Ensemble, nous avons réchauffé le sang de l’ensemble de mes invités. Le poivre et le piment glissés, je ne savais trop comment alors, dans les verres, avaient rapidement fait leurs effets. Mon aventureux magicien, l’homme au regard de braise, avait fait de mon entrée dans le monde un souvenir qui des siècles durant resterait dans les mémoires. Un homme qui par l’attention qu’il m’avait portée, par l’isolement que nous nous étions tous deux autorisés – uniquement pour nous rendre sur le balcon pour savourer notre petite farce évidemment – m’avait valu la jalousie de mes sœurs et plus encore d’Olga. Je crois aujourd’hui que quand mon aînée disait que son cœur était ailleurs s’était parce qu’il allait à l'inconnu de cette soirée. Cet inconnu qui, pour affaire avec notre père avait passé quelques temps non loin de chez nous. Qui le premier m'avait rappelé à ce que j'étais et m'avait fait comprendre l'importance de ma destinée. A ses yeux ma fougue servirait un jour la grande Russie, car trop peu de gouvernant possédaient ma noblesse de cœur et d'âme. Pour lui, l'avenir et l'âge m'aiderait à comprendre comment investir ma place, comment mettre au service du peuple ma force et ma détermination et que si la destinée le voulait, il se ferait un plaisir de m'y aider. J'étais pour lui une reine née, sa reine, tout du moins pour un soir!

Bien sûr, je ne lui loue pas de pouvoir qui ne sont pas les siens. Il n'avait bien sûr aucune idée de l'avenir qui serait le mien. Mais je ne peux dire qu'il ait eu tort. S'il y a bien une chose que j'ai saisi à travers les milles et vies expériences de mon passé. C'est que même si la Russie ne serait pas la terre qui me permettrait de m'initier, j'étais et suis née pour gouverner, et il l'avait senti...  

Enfin bref, je m'égare encore une fois. Si mon entrée dans le monde me l’avait fait rencontrer, j’avais été jusque-là ignorante même de ce qu'il était. Et notre rencontre n’a rien changé à mes escapades et habitudes que l’enfance avait forgée. Trop insouciante à l’époque, trop entière et passionnée je ne pensais pas à mal, ne voyait pas les regards des hommes qui m’entouraient, et même après mon entrée dans le monde, ne changeait rien à ce que j'étais. Cadette des filles Nikolaïevna, je n’étais en outre pas pressée de me marier, ni même inquiétée par mes parents soucieux à propos de mon tempérament si inopportun pour une enfant de mon sang. Tout cela me dépassait simplement je crois. Alexei, était mon ami d’un soir, mon ténébreux magicien, rien ne me destinait à lui plus qu’à un autre et après ce soir-là, s'il nous arrivait d'échanger des œillades ou clins d’œil dans les couloirs du palais, je ne cherchais pas plus que cela sa compagnie, toute inquiétée que j'étais par ma liberté et ma soif de découvrir la vie, mon amour pour mon peuple et cette volonté que j'avais de faire son bonheur et d'y devenir actrice... Oui actrice, dans tous les sens du terme d'ailleurs, parce que si je ne retenais pas les regards des gens, j'étais tout de même consciente de mes attraits, et soyons honnête, à cet époque-là, les paillettes et les flashs des photographes m'attiraient.

Quant à la suite, a-t-on vraiment besoin d’aborder ce sujet ? N’êtes-vous donc pas au fait de ce qui est advenu de la famille Nikolaïevna ? Combien de livres ? De films ? D’historiens ont travaillé sur mon histoire ? Cherchez-vous à connaître les détails les plus macabres de mes derniers mois en tant que Grande-Duchesse ?

Et bien soit… Comme vous le savez sans doute, c’est en 1914 que la Grande Guerre a commencé. A cette époque-là, je n’étais qu’une adolescente protégée, aimée, adulée par le peuple, je me glissais vers eux pour apprendre à les connaître et partager leurs jeux. Alors quand la guerre a commencé à faire ses ravages, alors que ma famille et mes sœurs continuaient de travailler sur les relations extérieures, à se parer de mille et un atouts, j’ai commencé à sortir jusqu’aux hôpitaux de campagne pour aider à soigner les malades. J’étais jeune, mon visage était aussi connu que nos célèbres campagnes blanches. Mais si jusqu’ici, ce visage avait représenté un obstacle pour me glisser parmi la population, ma présence auprès des blessés et mourants fut des plus importantes. C’est tout du moins ce que me disaient les infirmières qui accueillaient mes visites avec soulagement. J’apportais nourriture et médecine quand je le pouvais. J’apportais chants et apaisements, musique même, quand la possibilité m'en était donnée. Je leur donnais l’espoir peut-être que ce combat qu’ils menaient pour la Russie n’était pas futile. Que la famille régnante leur en était reconnaissante et combattait à leurs côtés, d'une manière différente.

Avec le temps, Maria est venue me rejoindre, ensemble nous avons appris à partager soins, volonté et espoir avec ceux qui se battaient au quotidien pour notre terre, pour la vie, pour notre liberté à tous. J’ai beaucoup appris sur les plantes, sur la vie et sur la mort, sur la médecine aussi, de cette époque. Sur ce que je voulais pour moi, pour l’avenir également. Je me suis battue au côté de ce peuple, de mon peuple dans une volonté de faire corps avec lui. De légitimer, en quelque sorte, ces macabres combats. Et si longtemps j’ai culpabilisé de ne pas ressembler à mes sœurs, d’être sauvage et entêtée, apporter ma pierre à l’édifice de la guerre à soudain donné à mon insoumission un caractère sacré. Je refusais d’être le pion d’un échiquier qui me dépassait. Je refusais de me marier sans passion ni amour. Je refusais de sacrifier ma vie pour le titre que m’avait valu ma simple naissance. Je refusais de laisser tout ce sang, le sang de ma nation, se verser pour rien, sans raison. Hors de question de me laisser dicter ma conduite. La vie est courte, la vie est faite de décisions, de tempérament… et je n’étais pas de celles que l’on pouvait enfermer dans un carcan. La guerre m’a apporté mon lot de larmes et de douleurs. Elle a façonné mes exigences, ma vision des Hommes. Et même si à l’époque je n’étais qu’une enfant (je n'avais que 14 ans), si on m’a préservée des cas les plus insupportables, et si j’ignorais ce que l'avenir me réservait, je savais par contre ce que je refusais de la voir devenir…

Les années ont fini par passer et c’est en février 1917 que les choses ont commencé à se gâter pour nous. Ma famille a, cette année-là, perdu le soutien que nous vouait le peuple, ma soeur et moi avons dû renoncer aux soins infirmiers. Mon père, Nicolas II, a ainsi dû abdiquer le 15 mars 1917 en faveur de son frère, le Grand-Duc Michel de Russie. Ce fut le début d’une guerre civile, la fin du régime tsariste, la fin de ma vie d’insouciance et le début de ma non-vie. Au départ, nous avons été assigné au palais Alexandre, à Tsarskoïe Selo, avec nos parents. Et puis, nombre de problèmes politiques sont survenus, des problèmes trop longs à expliquer, mais pour résumer, la lutte entre l’armée blanche et l’armée rouge s’intensifiait peu à peu et pour notre « sécurité », notre famille a dû être rapatriée près de Moscou, dans la villa Ipatiev à Iekaterinbourg qui deviendrait très vite notre tombeau. Il fallut deux convois pour nous y amener, deux parce qu’Alexis atteint d’hémophilie n’était pas en état de voyager par le premier. Mon caractère bien trempé et mes compétences médicales me valurent de rester au chevet de mon frère, avec Tatiana - alors en pleine dépression - et Olga, notre aînée dont le devoir était de prendre soin de l’héritier de la famille. La séparation eu lieu en avril 1918, et ce n’est qu’en mai que nous avons pu nous retrouver à nouveau réunis.

Permettez que je vous résume la suite, je n'ai pas particulièrement envie de m'attarder sur ces moments...

Dès lors, la discrétion fut de mise, et c'est l’arrivée d’Iakov Iourovski, nouveau geôlier et super-intendant qui allait quelque peu améliorer nos conditions de vie. Nous avions pu garder quelques serviteurs et faire venir notre médecin pour prendre soin d’Alexis. Seulement, un homme allait signer notre destin à tous, Iakov Sverdlov, qui au nom du Soviet Suprême allait exiger notre mort.

Nous avons été réveillés en pleine nuit du 16 juillet 1918, pour nous conduire, nous et nos quatre derniers serviteurs dans les sous-sols de la maison.

*Perdu dans ses pensées, les souvenirs affluent soudain dans son regard, comme si elle se retrouvait à nouveau, en cet instant... dans les bas-fonds de sa prison où les murs gris et humides résonnaient du cliquetis des bottes et des armes...*

Deux chaises attendaient mes parents. Ils s’y sont installés avec toute la dignité de leur rang, d’un simple regard, mon frère, mes sœurs et moi sommes venus les encadrer. A ce moment-là, nous savions déjà ce qui nous attendait. Nous avions remarqué les douze soldats armés qui avaient accompagné notre entrée du claquement sinistre de leurs talons sur le sol, et c’est alors qu’Iakov Iourovski a déclaré :


    « Nikolaï Alexandrovitch, les vôtres ont essayé de vous sauver, mais ils n’y sont pas parvenus. Et nous sommes obligés de vous fusiller. Votre vie est terminée. »


Il est des mots que l’on n’oublie pas et comme ceux-ci mon histoire en est parsemée.

[...]

Mon père fut le premier à être assassiné de sa main. Nous n’eûmes pas autant de chance mes sœurs et moi. Les balles sifflaient, mais les bijoux cousus dans nos vêtements nous servirent de pare-balles un moment. Pas totalement toutefois, toutes blessées plus ou moins mortellement, une balle dans le ventre de mon côté, serrant les dents, je m'obligeais à ne pas bouger, à à peine respirer, mais je ne pus retenir le gémissement de douleur qui allait nous trahir et nous tuer. Un soldat marcha sur mes doigts avant de marteler mes côtes d'un coup de crosse pour vérifier si le travail était bien terminé.

En une fraction de seconde les soldats étaient à nouveau sur nous. Mes soeurs, ma mère se mirent à crier, de peurs, de douleurs, de supplications mêlées. Dans la folie de l'instant je ne sais même pas laquelle, lesquelles s'étaient. Et tout à coup, un bruit sourd et un râle de fin de vie dévia un instant mon attention. Le crâne de notre ami et médecin s'éclata sur le sol juste à côté de moi, les yeux grands ouverts, il me regardait alors que la chaleur de son sang imprégnait de ses gouttes carmin mon visage...

Une main s'est alors plaquée sur ma bouche et s'est en craignant ma mise à mort que j'ai tourné mon regard sur celui à qui elle appartenait...

*************

Cet homme qui m'avait contraint au silence avant de me « tuer ». Je me souviens dans mon agonie profonde avoir entendu les balles siffler et voler les dernières souffrances de vie de mes sœurs. Je sens encore ses crocs s'enfoncer dans mes veines et me vider de peu de combativité qu'il me restait. Je sens encore le drap se poser sur moi, des bras me soulever et me poser à l’arrière d’un camion, avec les corps de ma famille. Je ne me souviens pas du chemin parcouru par contre, seule la douleur dans les soubresauts de la route m'éveillait parfois sans pour autant que je puisse l'exprimer. Combien de fois me suis-je évanouie en imaginant que ce serait la dernière fois?

Pour la suite, je me souviens seulement de ce que mon protecteur avait bien voulu me dire à ce sujet. Médecin militaire, il avait reçu l’ordre – en plus de participer à notre mort - de vérifier un à un les corps avant de les brûler à la chaux vive et au vitriol japonais. Un corps avait donc remplacé le mien, un corps dont il refusa de me dire quoique ce soit.

Il était mon assassin, mon sauveur… Tout était trop compliqué. Je n’ai jamais eu le courage de lui poser plus de questions à ce sujet… Et aujourd'hui encore, je refuse de m'attarder sur ces pensées... Le passé est le passé. Ce jour-là ma vie d'humaine s'est achevée.

Je me suis donc réveillée un matin, seule, dans un grand lit blanc et métallique, dans une petite pièce spartiate, aux murs peints à la chaux. Mes plaies n’étaient plus que souvenirs. Ma mémoire par contre… Fuir m’était impossible, autant ma douleur, ma conscience, mes souvenirs, que cette pièce d'ailleurs. J’étais enfermée, terrorisée et décidée à lutter pour survivre, m’enfuir loin, toujours plus loin pour ne plus jamais revenir. Fuir cette vie, fuir le monde, me fuir moi... Être Anastasia, non… Je voulais oublier, avec la folie du désespoir et d’une douleur trop grande, je voulais tout oublier. Je refusais de m'offrir à nouveau à un peuple qui m'avait abandonné, qui nous avait tué... Alors j'ai fait la seule chose qui pouvait m'aider, qui me permettait d'évacuer tout ce que je ressentais... J'avais déversé ma rage et ma peine sur cette porte qui me retenait prisonnière... En vain...

Les mains, le corps et le coeur en sang, la voix errayée, courbaturée à force d’avoir lutté contre cette porte de fer, j’avais regardé la nuit tomber à travers les barreaux de ma fenêtre sans même prendre conscience que ma blessure au ventre n'avait même pas laissée de trace. Je ne sentais ni douleur, ni humanité au fond de mon coeur. Je n'étais plus qu'une bête sauvage. Un animal blessé prêt à se ronger les chairs jusqu'à l'os s'il le fallait pour s'échapper...

Quelques minutes à peine après le coucher du soleil, mon créateur, Stepan P. Vaganov, apparaissait dans ma prison. Il n’osa pas m’approcher d’abord, mon regard comme mes émotions devaient surement en dire long. Il s'est installé au loin pour m’expliquer patiemment ce qu’il s’était passé. J’avais ainsi passé trois semaines entre la vie et la mort. Physiquement il avait fait ce qu’il fallait pour me soigner, mais mon cerveau, mon mental avait fait, quant à lui, ce qu’il fallait pour me préserver. Il m’avait plongé dans un profond sommeil jusqu’à ce que je sois en état de surpasser ma peine et lui, mon bourreau et sauveur m'avait presque cru perdue jusqu'au moment où il avait ressenti ma douleur et ma folie dans son sommeil.

Sans un mot je l’ai écouté me parler et m’expliquer ce qu'il avait fait pour me sauver. M’expliquer que c’était en étant garde au palais qu’il m’avait découverte et que je l’avais fasciné. Alors que mes sœurs et mon frère tombaient dans la crainte de l’instant, baissaient même les bras, j'étais celle qui avait gardé l'espoir. Qui m'était battue pour ma famille et mon peuple. Donnant du courage au mien, insufflant la vie dans les pierres devenues trop froides de notre palais et dans son cœur de pierre, à lui. Et finalement, c’était mon sourire lorsque le photographe était venu immortaliser notre douleur, quelques jours à peine avant "notre mort", qui l’avait décidé. Ce sourire et ce petit regard espiègle que je donnais à Maria l’avait poussé à m’aider. Cette rage de vivre, de profiter de chaque instant, d’avancer contre vents et marées… Lui trop conscient de cette force intérieure qui vibrait en moi, avait refusé de laisser une telle soif de vivre s’envoler, alors même que la sienne l'avait désertée

Jour après jour il avait réitéré ses excuses et sa présence à mes côtés, m’avait poussé à me nourrir, m’avait parlé du temps, de la guerre et de ce qu’il se passait. Mais s'il avait cherché une compagne de non-vie avec moi, il s'était lourdement trompé. Brisée, les quelques mois qui suivirent et où je parcourais les routes à ses côtés, je les ai passés dans le silence et sans une once de curiosité sur ce qui m’entourait...

C’est à compter de ce moment qu’il avait changé mon nom, conscient au fond de lui qu'il avait échoué là où il avait tant d'espérance en ce qui me concernait. Je n'étais plus la grande duchesse Anastasia. Je n'étais que le visage de ce qu'il en restait. C'est donc ainsi qu'il s'était résolu à me rebaptiser Anja (prononcez Anya) Anastasia Vaganov, afin de nous permettre de voyager ensemble sans encombre. Je n’ai pas essayé de fuir si vous vous posez la question. J’étais suffisamment intelligente pour savoir que je n’avais personne d'autre que lui. Même si je le haïssais pour ne pas m’avoir laissé périr avec ma famille, pour m’avoir sauvée avec ce que je savais à présent de la vie, de MA vie, de mon peuple...

Durant le laps de temps que nous avons passé ensemble, il a évité les contacts physiques le plus possible, me gâtant à outrance dans l’espoir de voir fleurir un sourire sur mon visage. Il m’a littéralement offert le monde, m’a parlé des plus beaux endroits, m'a même conduite en France. Et pas une fois, pas une seule fois depuis qu’il m’avait sauvée la vie il n’a goûté à mon sang ou à mon corps. Il m’attendait patiemment, me répétant inlassablement que je ne serais pas toujours triste, qu’il avait l’éternité devant lui pour m’entendre chanter et me voir sourire à nouveau. Il n’a pas même exigé ma confiance, il s’était contenté d’attendre, de me parler de lui, de sa vie, de son expérience, du monde et de remplir notre vie et mes silences...

Et puis un jour, en voyant une fillette avec son père, marcher simplement dans la rue, j’ai compris. Ce regard empreint de toute la confiance du monde pour le géant que représentait l'homme qui se tenait à ses côtés (ceux de l'enfant). Le regard de cet homme à la fois protecteur et rassurant. Il était évident qu'il aurait été capable de n'importe quoi pour s'assurer de la sécurité de la fillette... Alors oui, j'ai eu le déclic à ce moment-là de ce que Stepan avait fait pour moi...

Rien dans ces actes n’était justifiable, si ce n’était sa volonté de me sauver. Il n'avait rien exigé en retour. Il avait fait ce qui lui semblait nécessaire même si cela signifiait que jamais je ne serais en mesure de lui pardonner... Comme jamais je ne pourrais pardonner aux hommes qui avaient... agis, ce soir-là...

A ce moment-là, j'ai probablement pris conscience de ma situation, de cette non-vie dans laquelle je m'étais enfermée. Il était temps, je ne pouvais pas rester morte indéfiniment. J’avais un devoir envers ma famille. Le devoir de vivre, le devoir de les venger. Et au diable ce peuple d'ingrat... C'est ainsi que les premiers mots que je prononçais, rauques et maladroits, exprimèrent ma pensée...

-Venger… Je… veux leur… fai… faire payer… ce qu’ils… ont… fais !

Bien que surpris Stepan a évidemment accédé à ma demande puisque s'était la première et seule chose que je lui ai demandé. Le 16 mars 1919, Iakov Sverdlov succomba à une épidémie fulgurante, avec pour dernier regard sur ce monde, mon visage. Quant aux autres: Iakov Iourovski, Lénine et les onze soldats responsables du carnage de ma famille, leur mort fut moins rapide et malheureusement pas de mon fait, Stepan ayant choisi de m'en éloigner pour me protéger de cette haine qui m'habitait et qui commençait à l'effrayer...  

Soi réel


PORTRAIT CHINOIS : Le principe est simple, ici il vous suffit de répondre du tac au tac le première chose qui vient à l'esprit de votre personnage...

¤ Un péché capital ? La colère
¤ Les enfants c'est LUI.
¤ Quelle couleur ? vert...
¤ Le courage c'est de faire ce que l'on doit.
¤ Bien ou mal ? *Petit rire* L'un va-t-il sans l'autre ?
¤ Si tu le pouvais tu ferais machine arrière.
¤ La gentillesse, la compassion c'est pour ceux qui peuvent se le permettre.
¤ Fidèle ou infidèle ? Fidèle à qui? A quoi? Vous êtes ridicule...
¤ La hiérarchie pour toi c'est être tout en haut de l'échelle alimentaire!
¤ La rancune pour toi c'est de ne pas être parvenue à se venger! Donc une preuve de faiblesse!
¤ Hommes ou femmes ? Qui paie?
¤ Le sexe pour toi c'est un outil.
¤ La religion pour toi c'est quelque chose dont je ne peux décemment pas m'encombrer.
¤ La famille pour toi c'est LUI.
¤ Plantes ou animaux ? Je n'ai vraiment pas le temps pour ça!
¤ Nature ou architecture ? Nature.
¤ Tension ou passion ? Passions.
¤ L’honnêteté c'est l'arme habile du pouvoir.
¤ Seul(e) ou accompagné(e) ? Seule! Toujours seules, mais en bonne compagnie...
¤ La confiance pour toi c'est un conte de fée.
¤ Le jour ou la nuit ? Là vous recommencez à m'agacer.
¤ L'amour c'est pour ceux qui espèrent, éphémères, fragilisant... Vous en avez encore beaucoup des questions comme ça?
¤ Juge, jury ou bourreau ? Je suis le bourreau n'est-ce pas évident? Je dispense toute sentence qui m'est demandée et chèrement payée...
¤ La liberté c'est de pouvoir agir selon ses propres choix.
¤ Le mot de la fin ? Enfin !
DERRIÈRE L'ÉCRAN :  Au joueur/À la joueuse de nous parler de lui à présent.

₪ Prénom ou Pseudo ; Shan, Shannou...
₪ Âge ; Pfiuuuu je suis majeure et vaccinée pas d'inquiétude Very Happy
₪ D'où viens-tu ? De métropole
₪ Que penses-tu du forum ? love.
₪ Que penses-tu du design ? Sublime **
₪ Comment as-tu atterri ici ? Je lis trop!
₪ Autre(s) compte(s) sur FS ? Yep ^^
₪ Autre chose à ajouter ? Je ne pense pas ^^
₪ As-tu signé le règlement ?
Spoiler:
₪ Que faire de moi?
Spoiler:
₪ LE CODE DU RÈGLEMENT;
 
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Elenna A. Varden
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Message signé Elenna A. Varden le Dim 28 Sep - 12:57

Histoire


Britlingan 1.0

Je ne fus pas celle qui tua cet homme (Iakov Iourovski), mais je fus là lorsque Stepan lui offrit ces derniers instants. Ni assez forte, ni assez expérimentée pour agir, je ne fus que la complice et le témoin consentant de cette mort. Déjà la grande faucheuse suivait mes traces, m'amenant peu à peu dans ses bras, m'entourant de son drap, comme une amante patiente.

De là survinrent les bruits de couloir sur le fantôme puis la survie de la grande duchesse Anastasia. Des murmures qui allaient m'amener hors de ce monde et qui allaient conduire, bien après ma disparition, des êtres vénaux à venir torturer ce qu'il restait de mon sang...

Déjà, la crainte gagnait les basses terres et nombreux furent ceux qui se mirent à ma recherche. Alors et effrayé de la situation, déterminé à me protéger dans un monde qui ne le pouvait plus, Stepan fit appel à une dette séculaire qui le liait à une autre dimension.  

Des nuits durant je l'avais surpris à me contempler avec toujours un peu plus de désespoir sans que je n'ose pour autant l'interroger à ce sujet. J'ignorais alors ce qui le tourmentait, ce qui le retenait de se livrer comme il l'avait pourtant toujours fais. J'avais certes retrouvé la parole alors, mais je n'en usais pas forcément pour autant. Sans compter que par orgueil, j'avais décidé de ne pas m'inquiéter de ce qui pouvait le travailler. Après tout et même s'il m'avait sauvé, n'était-il pas celui qui avait contribué à me briser? J'étais si loin d'imaginer ce qu'il préparait... Ce n'est que, lorsque quelques nuits plus tard, il se munit d'un collier que je ne lui connaissais pas, avant de nous enfoncer dans les ombres de la nuit que mon intérêt fut réveillé.  

Comprenez bien, cela faisait des jours, voir des semaines qu'il ne m'avait pas demandé de l'accompagner dehors, toute escapade étant considérée comme trop dangereuse pour ma survie. Si une seule personne m'avait reconnue... Seulement plus le temps passait et plus je ressemblais à un lion en cage et j'imagine à présent que c'est ce qui l'avait poussé à faire ce qu'il a fait. Tout comme c'est aussi ce qui m'a poussé à le suivre sans trop m'inquiéter...

*

Au milieu de nulle part, dans un des quartiers qui avaient été le plus touché par les divers affrontements, un quartier mal famé, mais presque désert au demeurant, nous nous étions isolés dans les ombres. Il avait alors passé le bijou autour de son cou, enserrant dans son point l'amulette et fermant les yeux dans une expression d'intense concentration...

- Allez, allez Britlingan, ne me fais pas regretter de t'avoir sauvé !

Les secondes, les minutes puis les heures passèrent, la lune décroissait peu à peu dans le ciel, révélant du même coup ses couleurs matinales, mais lui, telle une statue de marbre n'avait pas bougé. Bientôt j'en fus réduite à lui demander de rentrer. Je ne comprenais pas ce qu'il attendait, je m'en moquais, je savais juste qu'à une heure pareil son temps était compté et qu'aurais-je fait, moi, s'il n'avait plus été là pour subvenir à mes besoins? Mais contre toute attente, alors qu'il s'apprêtait à céder, un homme fini par arriver de nulle part en grimaçant :

-Que me veux-tu vampire ?
-Tu as failli manquer à ta parole Britlingan, en te sauvant j'imaginais avoir sauvé un homme d'honneur, hors, quelques minutes de plus et ta dette aurait été effacée par ma mort !

J'ignorais ce qu'était un Britlingan alors - une insulte peut-être ? - comme j'ignorais tout de leur foutu honneur et de ce que ces propos pouvaient impliquer, mais Stepan avait raison, son temps était compté et en le tirant par la manche je le lui rappelais. Mais mon maître ne fit rien pour répondre à ma demande aussi et à contre-coeur, me résignais-je à reporter mon attention sur l'inconnu, dans l'espoir d'en terminer au plus vite. En me retournant, je constatais qu'une froide colère avait illuminé les traits du géant aux muscles d'acier. Apparemment Stepan avait fait mouche. Je ne savais pourquoi ni comment, et encore moins ce qui liait ces deux hommes, ou encore pourquoi le géant était habillé comme un gladiateur médiéval, mais visiblement le message était passé entre eux. Alors je m'arrêtais, comprenant au-delà des mots que plus rien ne devait interférer dans cet échange.

L'un comme l'autre, s'affrontaient du regard tandis que le mien naviguait tour à tour sur les deux protagonistes, puis mon maître reprit...

-Il est temps de payer ta dette Britlingan. Je veux que tu protèges cette enfant. Mais je veux que tu le fasses dans ton monde, nul endroit du sien ne peut plus lui apporter la sécurité dont elle a besoin, pas même pour quelqu'un comme toi !

La surprise avait alors teinté le regard du géant tandis qu'il nous regardait alternativement, avant qu'un éclat de rire tonitruant ne troue l'air environnant et ne me fasse sursauter.

-Tu veux que j'emmène cette petite chose en Britlingua? Tu es fou vampire, aucun humain n'y a sa place! C'est hors de question ! Tu ne devrais pas gâcher ta dette pour une chose aussi insignifiante !

Sur le moment j'avais à peine compris les paroles du soldat, trop occupée que j'étais à regarder Stepan avec stupeur. Alors m'en vexer ? Qu'essayait-il de faire ? Avais-je bien compris ce qu'il préparait, ce qu'il préparait depuis des jours à présent ?

-Non !

Grondais-je alors, autant de surprise que de dénégation.

-Tais-toi Anja ! Et toi Britlingan, je ne te laisse pas le choix, soit tu paies ta dette, soit tu me rends la vie que tu me dois !

Jamais Stepan ne m'avait parlé sur ce ton, ni ne s'était exprimé, devant moi tout du moins, de cette façon à qui que ce soit. D'assurance, de véhémence mêlées; sa menace n'avait d'ailleurs pas non plus laissé de marbre le géant. Je crois me souvenir, à moins que ce ne soit la connaissance que j'ai à présent de cet univers qui ne me pousse à l'imaginer, que le géant était alors passé par diverses émotions. L'incrédulité, la colère puis la haine, pour finalement retomber à une froide constatation... Il n'avait pas le choix...

-Comme tu voudras, puisque tu as décidé de la jeter dans la cage aux lions, advienne que pourra ! Mais je ne serai pas responsable de ce qui lui arrivera ! Ma dette n'est pas assez grande pour qu'elle s'étende à ce que je lui assure protection dans mon monde. Soit je la protège ici, soit je l'emmène en Britlingua où sa survie dépendra de la volonté de notre souverain ! A toi de voir !

La colère, l'incrédulité que je ressentais, gonflaient à chaque instant, jamais je ne suivrai cet homme, jamais! C'était un soldat et je pouvais encore entendre le cliquetis des armes résonner en moi, le son des talons claquants sur le sol, le bruit sourd des armes... Jamais ! Les derniers événements m'avaient passée le goût de l'aventure. C'était pour moi une affaire réglée... Mais c'était sans compter ce diable de sang de vampires coulant dans mes veines qui avait alors permis à Stepan de prévenir ma fuite. Sa poigne glacée se referma ainsi sur mon bras, avant même que l'idée aie fini de me traverser. C'était la première fois qu'il me touchait à nouveau. La peur, la panique même avait alors enflé en moi comme un tsunami sur une mer paisible..

-Je t'en prie ne te débarrasse pas de moi, je resterai enfermée, je ferais ce que tu voudras...

J'étais prête à arrêter d'exister même s'il le fallait, mais fuir vers l'inconnu, même pour me protéger ? Non, pas question, rien n'aurait pu m'y obliger de partir avec ce soldat étranger, surtout pas avant que ma famille ne soit vengée... aussi continuais-je à me débattre et à plaider ma cause...

-Anja ! Anja ! Il le faut ! Tu n'as plus ta place dans ce monde, pas pour l'instant on doit y aller! Écoute-moi, je ne te laisserai pas, je t'aiderai dans tes projets, mais tu dois survivre pour ça ! Anja ! Анастасия, вы не будет выживать здесь в течение долгого времени, чтобы мстить за ваши ! Как только мы будем верить в вас действующий, никто не будет оставлять вас в мире! Вы должны умирать, чтобы перерождаться Принцессу ! Вы не имеете никакой выбор ! (Anastasia, tu ne survivras pas ici assez longtemps pour venger les tiens ! Tant qu'on te croira en vie, nul ne te laissera en paix ! Tu dois mourir pour renaître Princesse ! Tu n'as pas le choix !)

Ces derniers mots avaient réussi à me calmer, s'il s'agissait juste de s'éloigner quelques temps, j'étais prête à l'accepter. Le fait qu'il me suive m'y aidait. Seulement un éclat de rire sardonique allait ternir mon soulagement. C'est d'ailleurs d'un même mouvement que nous nous étions retournés vers le géant.

-Ne rêve pas vampire, aucune dette au monde ne justifierait que je te permette de venir polluer Britlingua. Plutôt mourir que de t'y emmener, même si je le pouvais. Aucun vampire n'y mettra jamais les pieds tu m'entends? Si tu veux que la gamine y vive soit! Mais elle ira seule. Sinon, reprends la vie que je te dois !

La boule au creux de mon thorax se dénoua soudainement, à mes yeux pas de doutes, Stepan ne me laisserait pas m'éloigner. N'était-ce pas exactement ce qu'il venait d'écarter à l'instant? Pourtant et alors que j'étais persuadée que nous allions tourner le dos à l'étranger, une bonne fois pour toute, Stepan s'était simplement transformé en statue de marbre, à nouveau. Plus rien en lui n'était humain, il ne respirait pas, ne desserrait pas sa poigne autour de mon bras, pas un battement de cil, le regard droit, simplement fixé sur le Britlingan que l'attitude du vampire ne semblait pas inquiéter plus que ça... De longues minutes passèrent alors, et pendant ce temps le soleil continuait de gagner du terrain sur les étoiles. Il n'était plus temps de retarder notre départ et je m'apprêtais à le faire remarquer à Stepan lorsque la statue, qu'il était, finit par reprendre vie...

-D'accord ! Emmène-la !

La surprise n'eut qu'à peine le temps de laisser place à la terreur que le géant m'arrachait à sa poigne, refermant ses deux bras autour de moi alors que j'hurlais autant de peur que de rage. La folie transparut probablement dans mon regard à ce moment-là, le même genre de folie qui m'avait saisi lors de mon réveil, la première fois. Je me débattis en vain, comme une furie...

-Tu reviendras, tu reviendras et tu reprendras ta place je te le promets, je te le promets, j'y veillerai... Quoi qu'il arrive tu me revien...

La fin de sa phrase n'avait pas eu le temps de me parvenir qu'un gouffre sembla soudain m'envahir, un gouffre qui accompagné de la folie du moment me fit perdre conscience. Je me réveillais sous les soubresauts de la route, allongée dans une sorte de petite carriole d'un autre temps, tirée par un cheval comme seuls les gravures de notre Moyen-Age en montrait, taillé pour la guerre et l’endurance plus que pour les champs...

Aveuglée par le soleil, je m'étais alors lentement redressée pour contempler le paysage qui m’entourait. Un paysage à la fois très semblable à nos campagnes et pourtant diamétralement différent. Nul tracteur, des couleurs inédites, un air presque lourd à respirer et si mes yeux n'étaient pas suffisants, mon instinct me criait ce que je ne pouvais pas accepter...

-Enfin ! J'ignore comment se passait ta vie sur Terre, mais ici on ne passe pas son temps à dormir en journée. Avoir vécu avec un vampire ne change rien. Si tu dois vivre en Britlingua apprends à te débrouiller ! La promesse que j'ai faite à ton maître est de te conduire jusqu'au roi et c'est ce que je fais, pour le reste, toi seule sera maîtresse de ta destinée jusqu'à ce que ma dette soit soldée et que le roi ait statué sur ton sort.

Britlingua, j'ignorais tout de cette terre, j'ignorais tout de cet homme et la seule chose qui parvint à me rasséréner sur l'instant était que je portais encore mes vêtements. Sur ce constat et consciente que ma sécurité dépendait de la connaissance, j'opposais à sa diatribe un profond silence tout en observant ce nouvel environnement. Je m'y morfondais d'ailleurs depuis si longtemps que je n'eus aucun effort à faire. Et puis, pourquoi parler quand ce que j'aurai à dire ne sera que pour le supplier de me ramener? Et quelque chose dans sa posture, dans la façon dont il carrait ses épaules et portait le glaive à ses côtés, me poussait à croire que rien de ce que je pourrais dire ou faire ne serait susceptible de le faire plier. A l'instar des grands hommes que j'avais croisés, des grands généraux et des soldats, il portait au fond de ses prunelles la détermination et l'assurance de ceux qui savent ne rien avoir à prouver et ne rien avoir à céder. De ceux, qui, s'y on s'y attardait, pourraient dire bien plus en un geste ou un regard, que nombre de discours soporifiques de ceux qui n'ont pas la prestance ou l'expérience de s'élever...

Le trajet dura six jours, où il s'arrêta dans diverses fermes et tavernes pour vérifier la sécurité des habitants, apparemment nous étions trop éloignés de la capitale pour qu'une vraie surveillance assure leur sécurité alors, y étaient régulièrement dépêchés des Britlingan pour subvenir aux besoins de tous et vérifier la sécurité du peuple. Intriguée, j'observais longuement ses discussions et la vie des habitants, me demandant si mes parents avaient pris soin de la même façon des plus expatriés ?

Tout au long de notre voyage, le géant nourrissait ma curiosité en m'expliquant tout d'abord sa mission auprès du peuple, mission interrompue par mon maître, mais dont il comptait bien s'acquitter avant de m'amener auprès de son roi. Il me parla de son monde, de ses dangers en me rappelant sans cesse - comme s'il était persuadé que j'allais profiter du moindre instant pour lui échapper - que seule sa présence à mes côtés m'assurait survie et sécurité.

Et durant tout ce temps, pas un mot ne franchit mes lèvres. Si bien qu'au fil des jours, je sentais plus que je ne le voyais, le malaise gagner peu à peu son être. Doutait-il de ses actions ? De ma santé mentale ? Souvent je le surprenais à me contempler, perplexe. Cherchant probablement en moi ce qui justifiait un tel paiement. Car il s'agissait bien de paiement dans cette protection. Un tribut qui bien des années plus tard régirait intégralement mon existence.

Pas une fois il ne posa la main sur moi, quand bien même je chutais à ses pieds, c'est la garde de son épée qu'il me présentait. Avait-il senti que j'aurais été incapable de le supporter? Craignait-il mes réactions ou bien mes cris? Je ne saurais le dire, mais il l'a fait, l'a pressenti. Dans le silence de la nuit, il m’apaisait de sa voix quand ma respiration trahissait mon appréhension. Quand mes cauchemars me secouaient, il attendait simplement qu'ils s'éloignent sans me quitter des yeux, sans un murmure, sans un son. Il me contemplait seulement, interrogateur sans pour autant forcer mes aveux. Et quand enfin mon souffle s'apaisait, je le voyais se rallonger de l'autre côté du feu et reprendre le repos là où il l'avait laissé comme si rien ne s'était passé.

De montagnes en plaines, de denses forêts en désert, nous finîmes par arriver, au sixième jour de notre périple, devant une immense cité de pierre. Entourée de fortifications inédites à notre monde, sorte de murs penchés qui auraient fasciné nos plus grands architectes, surmontés de pics d'aciers plantés si haut dans le ciel qu'ils en faisaient crier le vent.

-Te voilà sur les terres d'Azar. Tant que tu resteras en Britlingua ces murs t'apporteront la sécurité. Regarde ces gardes là-bas, ils surveillent nuits et jours contre la faune et la flore sauvage. Ils veillent à ce que les attaques ennemis ne viennent pas troubler la paix de la citadelle.

Il me fallut quelques secondes pour prendre conscience de ma bouche béate d'admiration et de surprise mêlée et ce n'est que lorsque mon guide se tourna vers moi avec une admiration sans borne, une fierté, un amour même illuminant ses prunelles, que je pris conscience de l'image que je devais lui donner. Avec ce qu'il me restait d'orgueil, de dignité et de caractère princier, je m'obligeais alors à reprendre une contenance plus posée, presque blasée même si nul mot humain ne saurait exprimer le spectacle qui m'était exposé. Jamais par la suite je ne me suis lassée de pouvoir contempler la forteresse du haut de cette colline, le soleil levant ou couchant qui réfléchissaient mille et une nuances de feu sur ses pierres inconnues, sur ses lances plantées vers le ciel comme une provocation aux dieux. Au son si particulier qu'elles faisaient en coupant le vent en deux. La cité d'Azar donnait l'impression de tous les possibles. Elle transpirait d'une force, d'un équilibre martial des plus sauvages si bien et alors que mon protecteur, se renfrognant de ma réaction, m'ordonnait de le suivre en soupirant, que je me pris à me demander quel être, quel peuple serait suffisamment aventureux, pire suicidaire, pour tenter de prendre pareil ouvrage ? L'avenir allait me donner raison...

A peine l'entrée principale fut-elle en vue, qu'une troupe de gardes nous rejoignit en saluant de façon révérencieuse l'homme qui m'accompagnait, Auctor, puisque tel était son nom, comme je venais de l'apprendre. L'un d'eux fut rapidement dépêché au palais pour demander audience au roi, tandis que les autres se mirent en formation autour de nous, me rappelant singulièrement les gardes qui nous avaient conduits quelques mois plus tôt jusqu'à mon tombeau. La sensation d'étau qui se resserre m'étreignit alors à nouveau, alourdissant ma respiration, réveillant la folie dans mon regard. Aujourd'hui comme à ce moment-là, j'avais bien sûr conscience qu'ils agissaient en gardiens. Certes ils m'accompagnaient au palais, mais aurais-je trébuché sur une pierre que leurs armes se seraient pointées sur moi telle une flèche meurtrière. Ce jour-là et à leurs yeux, nul doute, le danger s'était l'humaine que mon protecteur ramenait. L'inconnu et les dangers qu'elle pouvait cacher...

J'ignorais alors ce qui m'attendais, j'ignorais encore tout de ce monde, de ses coutumes et de ses usages. Les récents événements marquaient encore ma mémoire et mes sens. Je n'avais plus ma place nulle part, ni sur terre ni... ici. Et il y avait trop d'hommes autour de moi. Trop d'armes, trop d'assurance et de détermination. La peur me fit oublier le paysage, fit s'accélérer le chemin qui m'amena au palais, me fit oublier les courbatures et autres petites blessures du voyage, me fit oublier de regarder ces gens qui évoluaient et s'écartaient devant nous. Les regards qu'ils me lançaient. La peur fit naître un voile devant mes yeux alors que j'avançais, tête haute, la respiration saccadée, avec fierté et élégance comme mon sang me l'imposait. J'étais déjà allée une fois sur le bûcher, j'ignorais si cela serait encore le cas, mais je ne pouvais trahir ce que j'avais été. Je ne trahirais pas ma famille, pas plus que j'autoriserais qui que ce soit à me voir sombrer. C'était tout ce qu'il me restait.

Je ne relevais les yeux sur le paysage environnant que pour monter les marches du palais et en constater sa grandeur. Ce n'était pas une grandeur esthétique comme sur Terre, comme le palais Romanov. Pas de fioriture mal placée, de m'as-tu vu pour témoigner de sa puissance non, s'était une forteresse prête à résister à tous les assauts. Plus qu'une demeure, l'édifice en lui-même témoignait de la puissance de ses habitants et faisait résonner d'antiques et sauvages promesses. Tout ici me paraissait accablant de grandeur et de puissance, semblant jauger le moindre de mes mouvements et le moindre de ceux de ses habitants. Non pas que la bâtisse soit complètement inesthétique non, loin de là même, mais pour prendre une comparaison, le palais Peterhof témoignait de notre richesse par des dessins et des sculptures ouvragées, rares étaient les pièces qui ne mettaient pas en avant l'or et ou les pierreries de la famille. Le faste du palais d'Azar n'avait rien à voir avec le faste que j'avais connu jusqu'ici, plus spartiate, plus médiéval, plus militaire également mais surtout moins tape à l'oeil et pourtant, nul ne pourrait entrer dans ce palais sans être persuadée que le peuple Britlingan était/est un peuple prospère.

Mais l'inquiétude me faisait voir en cette batisse, une prison, pire, un tombeau.

Plus tard seulement, une fois mon sort scellé je m'y attarderais durant les heures qui me seraient octroyées, plus tard je tomberai amoureuse de ses murs épais et remplis d'histoires, de ses tentures sauvages, bestiales, primitives voir sexuelles. Plus tard je prendrai conscience de cette univers si loin du mien, ou plutôt de celui de ma naissance. Un univers où la bienséance détenait un caractère si différent de celui qui m'avait été enseigné jusqu'ici. Ironiquement, bien plus franche que celle des humains...

Nous entrâmes donc dans la salle du trône où mon guide s'empressa d'aller s'agenouiller devant un vieil homme assis au fond de la salle. Le roi sans aucun doute, il aurait été difficile de s'abuser sur ce point tant sa prestance semblait englober toute la pièce et son regard lire jusqu'à la plus infime de mes faiblesses. Un instant, il me rappela mon propre père. S'était lui qui déciderait de ma vie, je fixai donc mon regard que sur lui. Inclinant la tête sans ouvrir la bouche, ignorant les attentes et les coutumes de ce peuple, on m'invita à m'avancer jusqu'à lui pour rejoindre mon compagnon de route.

Ses yeux ne trahissaient aucune émotion, pas même une once de curiosité à mon égard, il me jaugeait, et sous son regard je me sentis obligée d'afficher le peu de courage que je possédais encore, des traits aussi neutres que possible. Fière, indisciplinée, prétentieuse même à leurs yeux. Je lui rendais la monnaie de sa pièce.

Dans un silence que mon père m'avait toujours espéré voir acquérir. Un visage qui témoignait de la noblesse de mon sang, de mon éducation, et de la Russie toute entière. Je n'avais jamais plus été la grande-duchesse Anastasia qu'en cet instant. Ironie du sort. Mais mon silence, quand bien même mon protecteur expliquait la situation avec les cartes qu'il possédait, apparut comme de l'arrogance, de la provocation envers ce roi. Plus Il me posait de questions, plus Il tentait de percer mon silence et plus je m'entêtais à plonger un regard déterminé dans le sien, à relever le menton sans pour autant trahir le moindre son. Voilà des mois que je m'étais à peine exprimée. Je n'avais pas l'intention d'ouvrir la bouche avant de savoir ce qui m'attendait, je ne savais même pas si j'en serai vraiment capable... Roi ou Dieu en personne, mon silence, mes secrets, mon passé étaient tout ce qu'il me restait et Stepan me l'avait répété si souvent durant ces derniers mois que ces mots resteraient encrés à jamais :

-Ne révèle à personne qui tu as été. Tu es la dernière de ta lignée Anastasia. Pour les tiens, pour la survie de ton sang, nul ne doit savoir pour l'instant, ni qui tu es, ni ce qu'il s'est passé...

C’est à l’intervention de mon compagnon que je dois la vie. Il expliqua la dette qui était la sienne, la folie dans laquelle il m’avait saisie. Mon silence par la suite. Il ne savait rien de qui j’étais, ni des raisons qui m’avaient conduites jusqu’ici. Il savait seulement que je me prénommais Anja, que j’étais l’esclave d’un vampire et que la dette qu’il venait de solder consistait à me conduire ici pour que j’y sois protégée. Le vampire ayant juré vouloir me récupérer. Peut-être était-ce la somme astronomique qu’une telle promesse révélait ? Ou la parole donnée ? Mais le roi, dans un râle, invita les deux hommes à ses côtés, ses deux fils comme je l’apprenais plus tard, à s’approcher de lui. Nous forçant ainsi à reculer.

Il ne leur fallut que quelques instants avant que chacun ne reprenne sa place initiale et que le roi ne se lève pour s’exprimer à toute l’assemblée.

-Aujourd’hui ne sera pas le jour où un Britlingan manquera à sa parole. Que ceci soit dit ! Néanmoins, notre expérience nous a appris que l’inconnu devait toujours être surveillé de près. C’est pourquoi cette enfant restera au palais, entourée, protégée et surveillée par l’ensemble de ma garde et nos meilleurs Britlingan. Si danger elle représente, elle ne le sera pas pour le peuple, je vous en fais la promesse, dans tout les cas, ta dette sera soldé Auctor. Et en remerciement de L'HONNEUR que nous lui accordons en ce jour et pour lui apprendre le respect, elle servira le palais le temps que sa propre dette soit soldée ! Gardes, emmenez-la en cuisine !

D’un signe de tête le Britlingan qui m’avait kidnappée m’enjoignit à suivre les hommes qui déjà m’entouraient. D’un signe de tête et sans plus de formes de gratitudes, avec le peu de dignité et la fierté qui me restaient, je les suivis donc jusqu’aux cuisines où on me laissa sous bonnes gardes aux soins de la cuisinière.

-Tu manques de muscles et de gras, qu’est-ce que je suis censée faire de toi ?

Tournant autour de moi comme un aigle le ferait de sa proie, la grosse femme se grattait un instant le menton de ses doigts graisseux.

-On va commencer par te trouver des vêtements décents puis tu t’occuperas du ménage des chambres. Ce soir tu serviras le repas à table ! On verra pour la suite plus tard…

Oh bien sûr, à ce moment-là je ne comprenais pas un traître mot de la langue qu’elle employait, je me fiais surtout aux intonations prononcées et je suivis sans protester la jeune femme rondelette qu’elle avait appelée. Longuement nous avons parcouru les couloirs jusqu’à ce qu’elle entre dans une pièce et ne ferme la porte au nez des gardes. Quel aplomb pour la condition qui était la sienne ! Mais mon étonnement n’allait pas s’arrêter là, puisqu’elle allait me parler dans un français hasardeux, mais qui me permit malgré tout de la comprendre !  

-Me comprends-tu ?

D’un signe de tête, une fois la surprise passée, je lui affirmais que s’était le cas.

-C’est mon amant qui m’apprend cette langue !

Commença-t-elle en rougissant !

-Il dit que France être très jolie.

Je lui souris pour confirmer ses dires et parce que malgré tout ce qui c’était passé, le français et la France conservaient pour moi une part de plaisir, peut-être même d’innocence qui me resterait à jamais. Dire que j'avais rechigné toute mon enfance à apprendre cette langue et qu'aujourd'hui, elle était celle qui me permettrait d'apprendre le Britlingan et de me fondre un peu plus dans la masse...

*

Je n’entrerai pas plus avant dans les détails pour la suite. Les 6 mois qui ont suivis furent plus ou moins sans véritable importance pour mon histoire. On m’habilla, on me donna une chambre et Lyra, car tel était le nom de mon amie, m’apprit malgré mon silence à comprendre le Britlingan. Ce qui m’évita bien des ennuis…

Comme toutes les servantes du château, on ne fit pas grand cas de moi durant cette période. Mes mains si délicates,  mes ongles soignés rendirent quant à eux rapidement l’âme face aux traitements que je leur imposais. De 5h du matin jusqu’à tard le soir, je récurais les sols, changeais et lavais les draps, déposais des herbes odorantes dans les couches, frappais les tentures, servais vins et nourritures à grands renforts de mains baladeuses… Et petit à petit, les discussions sur l'humaine que j'étais finirent par s'émousser…

Lorsque le temps me le permettait, lorsque j’étais dehors pour mes tâches je pouvais les observer. Je regardais les hommes et les femmes dans la grande cours s’entraîner. Je ne sais trop comment expliquer ce qu’ils représentaient à mes yeux, ou tout du moins, ce qu’ils éveillaient en moi. Ils étaient jeunes, parfois même tout juste sortis de l’adolescence mais leurs regards… L’expérience de la peur, de la douleur, de l’horreur, de la mort. La connaissance de soi et de celles des autres. Celle qui parfois vous pousse à vous demander pourquoi ? Pourquoi lutter encore ? A quoi bon ? Cet éclat de tristesse, d’expérience mêlées qui laisse à penser que la vie ne ressemble en rien aux belles promesses que l’on vous a faite enfant. Et pourtant vous continuez, vous vous battez, par choix ou par obstination, mais vous le faites. Pour ce qui est beau, ce qui est pur, ce qui est indolent dans l’existence. Et bien, ces hommes et ces femmes possédaient cet éclat alors qu’ils mettaient toute leur force, tout leur courage et tout leur cœur au combat. Chacun animé d’une propre soif. Une soif similaire à celle qui me tenaillait constamment. Différente évidemment, à chacun son jardin secret après tout, mais une soif qui me poussa finalement à me demander... pourquoi pas moi ?

Au bout du compte cette fascination finit par me pousser à sortir de mon mutisme pour interroger Lyra les concernant.

-Ce sont des Britlingans. Ou tout du moins, prétendent-ils à le devenir. Ils s’entraînent pour devenir l’élite de notre monde, de ton monde aussi. Il n’existe pas meilleurs combattants, meilleurs assassins qu’eux dans toutes les dimensions. Rien ne leur résiste !

A compter de cet instant la vision que je portais sur ma prison changea du tout au tout. Peut-être n’étais-je pas obligée d’attendre simplement que Stepan me libère de la cage dans laquelle il m’avait enfermée ? Peut-être que je pourrais moi aussi agir dans l’espoir de pouvoir moi-même venger les miens et ce qui nous avait été fait ?

Alors, et dans un premier temps, je m’assurais auprès de Lyra des règles concernant cette élite. Était-elle ouverte à une caste particulière ? Comment pouvait-on y entrer ? Comment se passait la formation ? A qui devais-je m’adresser ?

Après m’avoir regardé comme si j’étais perdue, je suppose que la détermination de mon regard et le fait même que j’ai ouvert la bouche pour l’interroger la poussa à me répondre. Rien ne m’empêchait d’essayer. Tout du moins de demander au roi la permission de rejoindre l’entraînement, mais de tout son cœur elle me suppliait de ne pas le faire. La formation était réputée pour coûter nombre de vie de jeunes hommes et femmes pourtant préparés depuis l’enfance. Quant à la réussite en elle-même, elle était quasiment inexistante. M’y risquer serait une mort assurée selon elle; mais ce qu’elle ignorait, c’était que morte, je l’avais déjà été une fois. Anja, n’était plus que l’ombre de l’Anastasia que j’avais été. Alors, si entrer dans la formation me permettait d’apprendre à me protéger. Me donnant la possibilité de venger les miens et de retourner sur Terre, alors pourquoi attendre plus encore ? Stepan avait l’éternité pour repenser à moi et à sa promesse, quant à l'idée de mourir ici ? Sur cette terre inconnue, alors que les miens n’étaient pas encore vengés et pourrissaient sous la Terre ? Jamais… Les réminiscences de mon passé, de mon orgueil, de mon sang même me le refusaient. Anastasia s’éteindrait, j’en étais consciente, mais certainement pas avant que tout ne soit terminé… Vraiment terminé ! Alors je l'enterrerai avec les siens, telle me semblait être ma destinée.

Alors je demandais audience au roi et attendit que celui-ci daigne répondre à mon appel. Comme la première fois c’était la tête haute que je traversais la grande salle, plongeant mon regard dans le sien, sans même témoigner la moindre attention aux deux princes qui l’encadraient. La foule se fendait devant moi et lorsque je fus à portée de voix. Un genou posé sur le sol, je m’inclinais profondément dans un salut respectueux et sans audace, cette fois…

-Le temps et les travaux domestiques ont finalement eu raison de ton orgueil l’humaine ! T’auront-ils rendus aussi la parole ?

Le ton n’était pas vraiment chaleureux et je pouvais sentir la brûlure de son regard sur ma nuque. Pour autant et même si ses réflexions me firent me tendre un instant, mon objectif eu raison des répliques que l’Anastasia d’hier auraient pu lui rétorquer…

-Je souhaiterais m’entretenir avec vous et vous seul Sire…
-Tiens donc, mes fils et la population ne sont pas suffisamment bien à tes yeux pour entendre ta douce voix ! Apparemment Scipio avait raison, je me suis montré trop tendre avec toi !

Blessé, le ton employé par le souverain était mordant, mais pas suffisamment pour dissuader la tsarine que j’étais. Combien de fois avais-je soulevé le courroux de mon père ? Combien de fois avais-je rendu chèvre la garde assignée à ma protection ou ma surveillance ? Certes ce roi était effrayant, plus effrayant même que tous ceux que j’avais connu, par bien des aspects, mais rien n’aurait pu me faire renoncer, à ce moment-là, à mes projets.

-Vous m’avez demandé de vous parler de mon histoire Sire ! A mon arrivée, mais alors j’ignorais qui vous étiez et le respect que je pouvais vous témoigner. On m’a emmenée ici de force pour une protection que je n’ai pas demandée.

J’entendis un hoquet de stupeur saisir l’assemblée. Refuser l’aide Britlingan ! Quel déshonneur ! J’avais une chance incroyable, aux yeux de tous j’étais privilégiée, quand moi, je me sentais seulement piégée !

-J’ai aujourd'hui conscience de l’honneur qui m’a été fait, mais ... j’ai une demande à vous faire. Des explications à donner. A vous et à vous seul Sire. Vous qui savez combien il doit être difficile d’obtenir pour un vampire une dette immortelle Britlingan ! Vous êtes donc conscient que la situation n’a rien de banal. Stepan aurait pu traîner cette dette bien longtemps encore. Il aurait pu vous demander de faire de lui un roi. De lui offrir le monde, mon monde sur un plateau d’argent et pourtant il vous a demandé de me protéger. Moi ! Jeune humaine ! Ne vous êtes-vous pas demandé pourquoi Sire ? Ni pourquoi j’avais gardé le silence tout ce temps ? Je peux vous donner certaines réponses, mais mon histoire ne saurait être ébruitée ! J'ai promis le silence à ce vampire, et au vu de la dette qu'il a soldé pour moi, comprenez que je lui dois aussi et encore une part de loyauté !

Un instant je relevais la tête pour plonger mon regard dans le sien. Il n’y avait aucune trace de peur, aucune goutte de transpiration sur mon front. Je m’apprêtais à révéler au roi qui j’étais, en échange de quoi, j’attendais un petit effort de sa part…

-Je vous demande seulement Sire de m’écouter, ensuite vous statuerez sur la demande que j’ai à vous faire. Je ne vous ferai pas l’affront de vous proposer de m’attacher, vous êtes un Britlingan et n’avez rien à craindre d’une humaine comme moi ! Je n’exige pas de confiance pourtant, juste une oreille attentive et je me plierai ensuite à votre décision.

Une part de moi se révoltait rien qu’à cette idée. Les restes d’une enfant trop vive, trop indisciplinée, mais je n’avais pas le choix. Le roi n’était pas réputé pour sa douceur. Comme un soldat aguerri n’est pas réputé pour son indulgence… J’attendis donc de longs instants que le roi se décide à me répondre…

-Sortez tous !

Exigea-t-il simplement en faisant sursauter les deux princes à son côté qui aussitôt lui demandèrent de renoncer. Je n’étais rien, rien qui ne vaille qu’il ne court le moindre danger. Et pourtant, c’est sans un mot qu’il s’était levé pour tendre son épée à son aîné. Ainsi il s’assurait sa survie. Entre les mains du premier né, il remettait son existence. A lui maintenant de veiller à ce qu’il n’arrive rien au roi. C’est donc deux paires d’yeux assassins qui me fixèrent un instant avant de quitter la pièce et de refermer les lourdes portes sur le silence environnant. Des yeux que j'avais croisés quelque fois, qui avait parcouru mes rêves d'adolescence. Des mains crispées qui dans mon imagination m'apportaient caresses et protection. Idiote que j'étais ! Humaine que j'étais !

Une fois assurée que nous étions bien seuls (peut-être l’ignorez-vous mais les Britlingan savent aussi se rendre invisible). Je commençais mon récit sans plus attendre. Je lui parlais de ma Russie, du Tsar, de sa femme et de ses filles. Je lui expliquais la guerre, le calvaire de la famille régnante, le soulèvement du peuple, la mise à mort. Je ne lui épargnait aucun détails macabres, ma quasi mort même. Je lui expliquais ensuite, sans préciser qui j’étais vraiment, que j’étais la dernière héritière de cette dynastie et que cela expliquait pourquoi Stepan m’avait sauvée. J’expliquais que les hommes ayant assassiné le Tsar et sa famille, cherchaient à présent à éteindre ma lignée pour enfermer le peuple dans un règne de terreur. Ce qui justifiait le choix de Stepan d’utiliser la dette qui l’attachait au monde Britlingan. J’expliquais également que bien que reconnaissante au vampire je refusais de lui laisser venger mon nom et ceux des miens. Que je voulais être en mesure de le faire moi-même le jour où je retournerai sur Terre. Et c’est pourquoi je lui demandais l’autorisation d’entrer dans la formation Britlingan, bien que consciente de mes faibles chances de réussite, de survie même. Mais je lui expliquais préférer mourir au combat qu’assaillit et détruite par mes bourreaux…

Longuement, je répondis à ses questions sous son regard scrutateur. Refusant de lui dire mon véritable nom sous couvert de protéger ce qui restait des miens et de mon sang. Et finalement, d’un son de cloche il invita simplement tout le monde à regagner la grande salle en me demandant de reprendre ma place initiale. A savoir, agenouillée à ses pieds…

Longtemps il se tint debout sans un mot contemplant simplement les siens, après ses fils installés derrière lui, lui ait rendu son épée. Et enfin, après de longues minutes douloureuses à attendre son verdict je l’entendis prononcer…

-Peuple de Britlingua, la jeune humaine vient de me demander le privilège d’entrer dans la formation Britlingan !

Un nouveau hoquet de stupeur souleva la salle alors que le brouhaha la rendait soudain assourdissante. Mais un mot du roi suffit à ramener le calme…

-Cependant… CEPENDANT… nous n’oublions pas que sa venue en Britlingua est attachée à la protection que nous lui avons promise. Elle n’a pas été élevée dans notre monde et son travail, médiocre selon ce qu’on m’a raconté, témoigne de sa nature fragile.

Les épaules voûtées sous l’insulte, mais consciente néanmoins de la véracité des propos qu’il tenait quant à mon travail, je me mordais simplement les lèvres en tentant de réfréner cette rage qui me dévorait…

-La laisser tenter d’entrer dans l’élite serait la condamner à la mort et rompre la promesse que nous avons faite à son maître !

A ce moment-là, j’étais persuadée qu’il allait refuser…

-Depuis des millénaires, seul le peuple Britlingua a eu la possibilité d’entrer dans l’élite et ce n’est pas sous mon règne que les règles, l’honneur changeront. Néanmoins, la dette la concernant est immortelle puisqu’elle concerne une espèce morte de sa planète, appelée Vampire. Cette éternité rend la protection que nous devons à cette enfant éternelle également, mais elle, elle ne l’est pas ! En conséquence, l’humaine a accepté de voir solder une partie de la dette qui lui était attachée, à savoir notre protection si elle entrait dans la formation. […]

Evidemment je n’avais pas fait une telle promesse, mais le prix me semblant juste, je ne relevais pas la tête…

-[…] Ce qui lui arrivera lors de cette dernière ne se fera donc plus sous le couvert de la dette. Si elle survit et que son maître la rappelle, elle choisira ou non de le rejoindre. Mais au contraire, si elle y meurt, notre dette pourra être considérée comme soldée. Encore une fois, la parole Britlingan ne sera pas entachée sous mon règne. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, j’accepte, Humaine, ta demande ! Tu commenceras l’entraînement dès demain…

***
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Elenna A. Varden
Elenna A. Varden
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Message signé Elenna A. Varden le Dim 28 Sep - 13:05

Histoire


Britlingan 2.0

Honnêtement, maintenant que je savais ce qui m’attendait alors, j’ignorais si j’aurais fait les mêmes choix. Attention, n’allez pas me faire dire ce que je ne dis pas. Britlingua n’était pas une terre paisible loin de là. Antanaria, recelait bien plus de danger que je ne pourrais vous l’expliquer ce soir, mais… si la vie que je menais ne me satisfaisait pas, si ma soif de vengeance demeurait l’émotion la plus forte que j’étais en mesure de ressentir à ce moment-là, je menais malgré tout une vie paisible. Une vie dans l’ombre, solitaire, mais sécuritaire en fin de compte.

Peut-être que si je n’avais pas fait ce choix de rejoindre l’élite, la vie aurait pu être plus simple. Mais ce ne fut pas le cas, évidemment ! Ce destin ne devait pas être le mien…

Aujourd’hui seulement j’étais en mesure de comprendre l’étendue de la protection qui m’avait été accordée. Nul ne m’aurait touchée, nul ne m’aurait parlée, nul ne m’aurait blessée car l’honneur de ce peuple est ancré en leurs cœurs et en demandant au roi de m’octroyer ce passe-droit, je venais de renoncer à cela. Gardez toujours cela à l’esprit c’est important.

Alors ce matin-là, Scipio est venu me chercher en personne pour me jeter dans la fosse aux lions… Et si ce n’est qu’une tournure de phrase humaine, je vous assure que ça y ressemblait grandement !

*

Vêtue d’une tenue de cuir à l’instar des autres apprentis, je m’alignais avec eux dans la grande cour, silencieuse, inquiète aussi, mais trop fière pour le montrer. Ce jour-là, nous étions deux nouveaux. Un garçon dont j’ai oublié nom et visage, et moi. Lui tremblait moi pas, lui baissait le regard sur ses aînés moi pas. Lui agissait comme il le fallait, moi pas, lui savait combien cette entrée tardive dans l’éducation de l’élite serait difficile… Moi pas ! Ce n’était pas nouveau, je crois aujourd’hui que je n’ai jamais été plus en marge de ce qui devait être fait ou ressenti que durant cette année de ma vie.  

Une chose nous rassemblait pourtant, notre silence à tous les deux. Lui parce qu’il avait le cœur au bord des lèvres, moi parce que j’avais appris à entendre le silence, à le comprendre et que parler pour ne rien dire, n’était toujours pas redevenu une habitude. J’avais peur, oui. J’en tremblais oui, mais à quoi bon en parler ? Et à qui d’ailleurs ? Scipio ? Lui le fleuron de Britlingua, lui qui me réveillait en sueur la nuit ? Lui, pour qui je n’existais pas ? A quoi bon montrer mes peurs, LUI montrer mes peurs ? J’étais seule à ce moment-là pour mener mon combat, j’étais seule depuis six mois déjà. Parler n’aurait rien changé à ce que j’étais ni à ma détermination. Fondre en larmes dans les bras de Scipio aurait-il changé quelque chose ? Honnêtement je ne le pense pas. Pire encore cela m’aurait probablement évincé d’office de la formation et je ne pouvais pas me le permettre. Pour me venger j’étais prête à tout, ce n’était pas de l’arrogance ou de la démence, mais bel et bien un besoin vital. S’était ce qui me maintenait en vie et ce qui me maintient toujours d’ailleurs. Cette soif de vengeance.

Alors, contrairement au nouveau qui m’accompagnait, je n’ai pas répondu aux questions des recrues, préférant m’isoler, non pas dans l’idée de me montrer irrespectueuse, mais parce que ces derniers mois m’avaient appris à me méfier de toute aide que l’on pourrait m’apporter ! Je comprenais dans une certaine mesure que c’était un honneur qu’ils pensaient me faire. M’accueillir, moi l’humaine, quand bien même mes chances de survie leurs paraissaient ridicules. Ils cherchaient à m’aider je le sais aujourd’hui, comme à ce moment-là déjà, mais j’étais juste… aveuglée par ma haine, incapable de me lier à qui que ce soit. Ce combat je voulais le mener seule, parce que seule j’étais et resterais. Parce que j’étais la dernière de ma lignée et que rien d’autre ne comptait. Et puis, on finit par s’habituer au silence au point de rendre toute discussion difficile… J’étais là pour prendre ce que l’on me proposait. Une formation d’élite, une éternité pour réparer ce qui nous avait été fait. Je n’avais pas la moindre intention de rester ici une fois obtenu ce que je recherchais. Ma terre était encore la Russie, mon chez moi le palais Peterhof, j’étais encore, au plus profond de moi, la grande Duchesse Anastasia, héritière de la grande Russie impériale. Alors oui, j’ai refusé le peu de réconfort que l’on m’offrait, refusais par là-même l’esprit d’équipe, la notion même de nation et le fondement - dans une certaine mesure - de l’honneur qui caractérisaient leur race et les caractérisent encore.

Mais avant de poursuivre et pour ne pas que vous vous fassiez d’illusion, je préfère vous prévenir, n’attendez pas de moi que je vous raconte tous les secrets Britlingans, aussi déterminée que je sois à faire payer ce qui m’a été fait, ce qui nous a été fait, j’aimais ce peuple, j’aimas ses terres et ses légendes. Je l’aimais comme Anastasia pouvait aimer sa Russie. Antanaria était mon Eden, mon chez moi. Mes deux terres promises !

Enfin voilà, maintenant que c’était fait je vais poursuivre…

Il est des choses qui se vivent et se racontent, et d’autres qui se survivent et qui laissent des cicatrices qui ne se referment jamais vraiment. Malgré les années qui passaient, il m’était encore très difficile aujourd’hui de poser des mots sur cette partie de mon existence. Je crois que le plus simple serait de dire que je suis morte mille fois avant de renaître à la vie. J’avais cumulé les erreurs dès que j’avais posé les pieds à Antanaria et mon entrée dans la formation Britlingan n’avait pas amélioré les choses loin de là. Je mangeais seule ce qui m’était octroyé, soignais seule mes plaies, incapable de laisser qui que ce soit me toucher. Je combattais la rage au cœur, la rage au ventre sans jamais pour autant être injuste quand je le pouvais. Je refusais de frapper une âme au sol. Reculais quand la peur de la mort se dessinait dans leurs prunelles. Accusais les coups en me replongeant dans cette nuit-là, la nuit de la mort de la Dynastie Romanov. N’acceptais le repos que lorsque j’y étais obligée et quand mes cauchemars me réveillaient, je retournais m’entraîner et encore et toujours, la même rage au cœur et au sang. J’y puisais ma force en silence et hurlais la nuit en en cauchemardant.

Oh je n’étais pas la meilleure élève, j’étais même tout en bas l’échelle, j’avais tant à apprendre et m’imposais tant de limites « morales » à cette époque-là. Mais j’étais sans aucun doute la plus volontaire, la plus déterminée. Physiquement mon corps faiblissait, se transformait, hurlait sous les coups et la rudesse de l’entraînement. Mentalement mon éducation et ma conscience bridaient mes mouvements. Jamais je n’avais été préparée, même Lyra avait une vision tronquée de ce qui m’attendait. Mon existence avait été faite de douceur, de lait corporel, de tendre coup de brosses. J’avais dormi dans les meilleurs draps qui soient, mangé à ma faim sans jamais en devenir grasse pour autant. Mon corps n’était pas musculeux de nature non plus, le seul sport que j’avais fait jusqu’ici, avant d’arriver à Antanaria je veux dire, était les courses poursuites dans le château ou dans les rues de la ville pour partager le jeu des enfants. Je n’étais pas faite pour cette vie-là.

Quand vos jambes cessent de vous porter, que vous avez tant d’ampoules aux mains qu’elles ne sont plus que des plaies béantes, quand les coups portés à votre visage vous empêchent de vous reconnaître dans l’eau froide de la rivière où vous tenter douloureusement de vous laver… Vous comprenez pourquoi les Britlingans forment leur élite dès l’enfance et combien la voie dans laquelle vous vous êtes engagée peut vous faire basculer à tout instant.

Intérieurement pourtant, je me sentais indestructible. J’imaginais les miens et ma vengeance. Et même si mes cauchemars continuaient de m’assaillir, que pour épargner mes camarades je me suis mise à dormir à l’extérieur de la chambre, je ne renonçais pas. Ce qui ne fut pas le cas de celui qui avait rejoint avec moi la formation ce jour-là. On l’a retrouvé un jour pendu dans nos quartiers…

*

Les six mois passés dans cette formation furent de ceux qui brisent complètement et qui vous poussent un beau jour à vous réveiller en vous demandant qui vous êtes vraiment. Mais j’étais encore tellement loin de ce que l’on attendait de moi. Et c’est Scipio qui après le suicide de l’apprenti, allait me « montrer à quel point j’étais loin de ce que j’aurais dû être à ce stade de la formation. Je me sentais prête à tout. Mais je ne l’étais pas vraiment… La grande majorité des cicatrices qui sont les miennes aujourd’hui date de cette époque et si elles ne me viennent pas directement de lui, c’est à son enseignement que je les dois.

J’ignore encore si c’est ma mort qu’il souhaitait ou simplement mon renoncement, mais plus je criais plus il frappait fort, plus je me relevais et plus il me jetait à terre, plus je m’endurcissais plus il me montrait combien il pouvait élever les limites du supportable à l’impossible… Même la nuit ne m’offrait aucun répit, si ce n’était les cauchemars de ma famille qui me réveillaient en cri et en larmes, c’était lui. Plus je me tenais droite, plus je témoignais de ma volonté à poursuivre et plus sa cruauté se révélait. Il m’a littéralement appris à supplier pour mieux me faire renoncer à cette expression après.

*

Jusqu’à cette nuit, dans les bois, un entraînement de survie, quelques embûches disposées ici ou là pour ne pas nous rendre la tâche trop facile… Livrés à nous-mêmes comme prémices de ce qui nous attendrait. Sous la surveillance de Britlingans accomplis, nous devions y survivre dans les meilleurs temps et avec les meilleurs résultats. Survivre à l’imprévu, laisser nos sens gouverner nos actes, laisser notre instinct déterminer de la route qui serait la nôtre, chasser, évoluer seuls en considérant tout être humain comme notre ennemi. Il n’était plus question d’être des partenaires ici, nous devions prouver nos compétences. Prouver notre force, notre détermination, notre volonté de survie même et à ce jeu-là j’avais toutes mes chances. Plus durement encore que les autres j’avais appris et c’est donc la peur au ventre, mais avec la prétention de se dire que… c’était possible, que je m’étais lancée dans cette rixe.

La chasse faisait tambouriner mon cœur dans ma poitrine, révélant chez moi un instinct animal encore insoupçonné. Je chassais ma proie avec une détermination sans cesse renouvelée, goûtais la peur de l’animal et m’en servais pour suivre sa trace. Je connaissais si bien la frayeur, si bien la sensation que je faisais éprouver à ma proie. Pourtant, quand vint le moment de le tuer, quand dans ses yeux dénués de malveillance, la terreur se dessina, je fus tentée de renoncer. En cette biche, je me revoyais, moi Anastasia, face à ces soldats dans cette cave, silencieuse mais suppliante pour qu’ils me laissent en vie. Tout comme elle en cet instant. Pourtant je le savais, si je rentrais sans lui avoir ôté la vie, sonnerait le glas de ma formation. La fin de toutes ces souffrances, l’inutilité même de ce que j’avais enduré jusqu’ici. Alors et afin de limiter sa douleur, je plongeais ma lame en son cœur, une larme roulant sur ma joue alors que l’animal poussait son dernier souffle. Premier meurtre de ma main qui teintait mes mains de rouge et mes joues débarrassées maladroitement de leurs larmes, du carmin de ma victime…

J’avais pourtant tué par le passé, ou plutôt contribué à leur meurtre, mais je prenais vraiment conscience de ce que je venais de faire qu’en cet instant. J’avais tué la pureté, l’innocence et l’innocent. J’avais fait ce que la vie de Britlingan, de militaire imposait. Premier meurtre de sang-froid d’une longue liste de meurtre à venir. C’était pourtant ce que je voulais, ce pour quoi je me destinais. Agir à l’encontre de soi-même, réaliser la mission donnée, quoi ou qui qu’il en coûte. En tuant cette biche j’avais pris conscience qu’Anastasia avait elle aussi un peu plus disparu. Qu’en suivant ce chemin que je m’étais tracée, je n’avais fait que m’éloigner un peu plus de l’univers et de la cause que je souhaitais retrouver. Aussi me suis-je mise à pleurer autant pour cet animal qui n’avait rien demandé, que pour l’humaine que j’avais été et qui, cette nuit-là, était morte avec cette biche bien plus certainement que sous les armes des soldats.

Et c’est ainsi qu’il m’a trouvée, prostrée dans ma douleur, gisant dans le sang de l’animal aussi sûrement que s’il s’agissait du mien. Un grand vide empreint d’une sorte de sérénité s’ouvrant en moi. Bien sûr je souhaitais toujours venger les miens, mais plus pour les mêmes raisons, plus pour les mêmes objectifs. Anastasia n’était plus, ne restait qu’Anja dans ce corps lourd, douloureux et transformé. Ce que Scipio avait tenté de faire tous aux longs des derniers mois, me briser, cette biche l’avait fait. En cet instant je ne comprenais plus la bienséance, la différence entre le bien et le mal… Tant de notions inculquées durant l’enfance et qui perdait leurs sens. J’étais ma seule limite, j’étais perdue. Qui étais-je ? Pourquoi ? Pour qui ? S’ouvrait à moi, soudain, une autre destinée, un autre regard sur le monde, d’autres possibilités. Mes limites s’estompaient…

Des mains m’avaient alors soulevée de terre telle la poupée de chiffon que j’étais. M’avaient jetée contre le tronc rugueux d’un arbre avant qu’un regard plein de colère ne vienne se plonger dans le mien.

-Arrêtes-ça ! Si tu dois verser des larmes fais en sorte de les verser pour quelque chose d’utile femme !

Son corps à quelque centimètre du mien, son souffle sur mon visage ne m’effrayait plus comme il l’avait fait jusqu’à présent. J’étais vide, vide de sentiments, d’émotions, je comprenais à peine ce qu’il me disait tout en étant bien trop consciente de sa présence. Tout ça avait-il vraiment un sens ? Tournant et baissant les yeux sur cette biche qui avait emporté bien plus que son âme dans la mort, je me replongeais alors dans ma tourmente. Une main à la poigne de fer se planqua contre ma mâchoire pour ramener mon visage face au sien.

-C’est pour ça, c’est exactement pour ça que tu n’as pas ta place dans la formation l’humaine ! Parce que tu es incapable de survivre. Tous les enfants de 10 ans ont chassé pour survivre, mais toi… toi… tu as eu la vie si facile jusqu’ici. Tu n’as pas ce qu’il faut dans le ventre pour être là. Et tu sais quoi ? Regarde-la, oui regarde cette biche… Parce qu’avant que le jour se lève tu finiras comme elle. Baignant dans ton sang. Tu n’as rien d’une Britlingan ! Tu n'as pas ta place ici, encore moins parmi l'élite !

La colère et la déception percèrent dans sa voix, sans que je prenne la peine de m’attarder sur les détails. Mon regard fixé sur ses lèvres, ses mots me glaçaient alors que mes bras en défense maintenaient une distance illusoire entre nous. Me menaçait-il de me tuer lui-même ? Je n’en savais rien, je l'en croyais volontiers capable, mais plus que tout, il avait raison et je le haïssais pour ça. J’étais entrée dans la cage aux lions, telle une biche perdue et pour survivre je devais me transformer en… autre chose, devenir plus sauvage, oublier mon passé pour mieux pouvoir le défendre, le restaurer, sauver ce qui pouvait l’être, mais je ne pouvais plus être celle que j’avais été. Alors, dans un reste de désespoir et de rage sourds, je le repoussais vivement avant de lui donner l’un des plus beaux coups de poing de ma carrière. Je le vis reculer, surpris avant de reporter un regard… différent sur moi, mais je ne m’y attardais pas, ne le voulait pas.

-Ne pose plus jamais tes sales pattes sur moi !

Il fallait bien que je lui dise quelque chose et je voulais lui donner tort, lui faire comprendre que je n’étais plus cette petite chose fragile qu’il avait menée sur cette voie macabre, mais… et après quelques secondes de silences, incapables de mettre des mots sur mon ressenti, plongée dans son regard, presque suffocante je finis par faire la seule chose dont j’étais capable pour me soustraire à sa présence et à son intensité. Battre des records de sprint pour m’éloigner de toute cette scène, de tout ce qu’il venait de se passer. Rejoindre le camp dans les premiers et mettre ainsi un terme à cette expérience éprouvante...

*

Les heures suivantes, je le fuyais du regard ou de ma présence quand je le pouvais, acceptant même de me préparer avec le reste des filles pour la soirée organisée en l’honneur des survivants de la forêt. De cette future élite si chère au cœur de la population. Je m’y rendis avec elles, bien plus légères que je ne l’avais été jusque-là, consciente que quelques part en moi, tuer cette biche m’avait permis de faire le deuil de la grande duchesse Anastasia et pour la première fois depuis que j’étais arrivée sur ses terres de magie, j’acceptais l’invitation à boire, à danser et à festoyer avec les autres. Une nouvelle ère s’ouvrait à moi, une ère dont j’avais désespérément besoin, je m’en rendais compte à cet instant. Je m’étais privée de tout ça pour de mauvaises raisons, pour des raisons qui n’avaient plus de sens à présent. J’étais en vie, en vie même si j’avais vécue comme une morte jusqu’à cet instant. Alors je buvais plus que de raison, éclatais de rire et tournoyais de bras en bras sans autre arrière-pensée que de profiter du moment, de découvrir ce peuple, mon nouveau peuple, ce peuple sur lequel je me surprenais ce soir-là à poser un regard plein d’affection. Pour la première fois, je me suis sentie Britlingan. Mieux encore, j’avais vraiment envie de devenir Britlingan, plus seulement pour la vengeance, mais parce que je prenais conscience de la richesse et de la générosité de ce peuple. Peut-être était-ce dû à l’alcool, je ne saurais le dire, mais un nouvel avenir s’ouvrait à moi. Un peu comme si j’étais soudain capable de regarder à 360°, de me rendre compte que mon champ de vision n’était plus limité, de voir pour la première fois les couleurs qui m’entouraient, le souffle du vent dans les branches, l’odeur de la paille, le goût du vin… D’ailleurs, un besoin naturel m’éloigna des autres l’espace d’un moment. Le temps de me rendre compte que le monde n’était pas censé tourner sur lui-même comme il le faisait en cet instant. Il était peut-être temps que je rentre dormir finalement.

En me rendant jusqu’à mes quartiers, je me tâtais à déplacer mes affaires et ma couche avec celles des autres, mais mon état ne me permettait pas vraiment de le faire et puis qui savait, les autres n’auraient peut-être pas envie au matin de me voir les rejoindre ? Les mains sur les hanches je m’apprêtais à aller me coucher quand une voix me surprit.

-Si j’avais su qu’il suffirait que tu tues une biche pour te déguinder un peu, j’aurais perdu bien moins de temps avec toi. Jolie coup de poing en passant !

Pour être honnête dans l’état d’ébriété dans lequel j’étais j’avais presque réussi à oublier ce « détail là ». D’une moue d’excuse je m’appétais donc à le faire de vive voix…

-Oui en parlant de ça, je…
-Ne t’avise surtout pas de t’excuser ! Pour une fois que tu ne me déçois pas complètement ne gâche pas tout !

Qui gâchait tout en cet instant ? Cet homme était décidément le plus stupide, méchant, cruel et… et… « Désenchanteur » que j’avais pu côtoyer dans mon existence. La bouche ouverte tel un poisson rouge outragé (aussi outragé que puisse avoir l’air un poisson rouge complètement éméché), je le toisais les poings sur les hanches en cherchant une réplique que mon cerveau embrumé ne parvenait pas à trouver.

-Tu n’es pas saoul !

Un éclat de rire qui me fit frissonner de la tête aux pieds, accueillit mes propos.

-Et non princesse, certains tiennent un peu mieux l’alcool que toi ! D’où te vient ton accent ?

La tête penchée sur le côté, j’avais beaucoup de mal à comprendre l’orientation de cette conversation. Ni même à comprendre pourquoi nous avions cette conversation. Je lui avais servi ses repas pendant des mois sans qu’il ne pose même un seul regard sur moi. Son rire étant toujours tourné vers un ou plus souvent une autre. Lors de notre formation les seules fois où il m’avait témoigné de l’attention s’était pour me rabaisser, m’humilier, m’insulter. Notre dernière rencontre ne s’était d’ailleurs pas mieux passée. Jamais il ne s’était intéressé à moi, sauf dans mes rêves.

-Et maintenant tu vas m’embrasser c’est ça ?

Parce qu’il ne pouvait s’agir que d’un rêve bien sûr. Le Scipio qu’elle connaissait et le Scipio dont elle rêvait était deux personnes complètement différentes, au point de ne partager que le même corps.

-D’habitude on parle avant de passer au sexe, mais je ne devrais pas être étonné n’est-ce pas ? Tu ne fais jamais rien comme tout le monde. Peut-être que c’est ce qui fait ton charme finalement.

D’un soupir, je tentais de comprendre ses mots, mais je ne voyais que son attitude mi-sérieuse, mi-amusée, mi-autre chose et je ne pouvais m’empêcher de me dire que…

-D’habitude quand je rêve de toi, tu parles moins et tu agis plus !

Un autre sourire, ravageur cette fois accueillit mes paroles, un sourire qui me bouleversa complètement, qui fit naître quelque chose de nouveau dans mon ventre. Un besoin, irrationnel, primitif. Je connaissais le désir – sans l’avoir expérimenté-, mais pas le désir qui étouffe les sens, évanouissant le reste. Tout le reste. D’autant plus sous l’effet de l’alcool.

-J’ai toujours cru que tu hurlais de peur, mais je suis heureux d’apprendre que tous tes hurlements n’en étaient pas.

Il y avait quelque chose d’animal en lui, quelque chose qui m’attirait et m’effrayait à la fois, quelque chose qui met mal à l’aise toutes les personnes qu’il côtoie. Il y a une part de lui, je crois, qui est plus sombre que mon âme de vampire. Je crois qu’il y a une sorte de troue noire en lui, un puit sans fond qu’il cherchait et cherche probablement encore à combler par tous les moyens. Un puit dont je ne connais pas les origines, mais qui faisait écho à ma souffrance. J’avais envie de lui, de sa force. J’avais besoin de m’y noyer. Alors, après de longs instants de silence, je le vis s’avancer, lentement, suavement, félinement… Et je ne bougeais pas, trop persuadée qu’il s’agissait encore d’un de mes trop nombreux rêves.

-Tu dois manquer à tes partenaires de danses… Tu sais ce que ça m’a fait de les voir te toucher, te faire rire, te servir à boire, t’imaginer écarter les jambes pour eux ?

Je le regardais venir jusqu’à moi dans un froncement de sourcil. Ça n’était jamais aussi compliqué d’habitude. Il ne parlait pas autant, ne semblait pas aussi en colère et je ne comprenais pas pourquoi. Instinctivement je m’étais mise à reculer sans trop savoir ce qui m'y poussait. Ce rêve ne prenait pas le tour que j'espérais…

-Scipio tu me fais peur !
-C’est bien il est temps que tu en prennes conscience. Qu’est-ce que tu veux princesse ? Dis-le-moi ? Si tu avais voulu un amant énamouré tu aurais choisis un de tes petits copains de ce soir, mais c’est moi que tu veux, malgré tout ce que je t’ai fait endurer. Ou plutôt parce que je t’ai tenu la dragée haute. Que je n’ai ni cédé à tes cris, ni à tes larmes. Tu ne veux pas d’une mauviette, tu veux quelque chose qui te dépasse…

C’est à cet instant que j’ai vraiment compris que je ne rêvais pas, que tout était embrouillé mais que le vrai Scipio se tenait devant moi. Un homme qui m’avait mené la vie impossible des mois durant. Qui aimait briser et que j’avais appris à craindre. Un homme bien loin des fantasmes de jeune femme innocente que j’étais alors.

-Arrête, ça suffit, on a trop bu toi et moi !

Quelque part la peur me dégrisait. Il n’était probablement pas aussi éméché que moi, mais nul doute qu’il l’était.

-C’est vrai, mais ça ne serait pas la première fois que l’alcool se glisse dans ma couche.

Il n’était plus qu’à quelques pas de moi et déjà j’étais acculé contre le mur à me demander si sauter par la meurtrière me permettrait de lui échapper. Mais c’était Scipio, c’était le héros de Brilingua après tout. Tout le monde le vénérait ou presque, ma peur était sans doute irrationnelle n’est-ce pas ?

Pourtant à peine fut-il contre moi que ses lèvres fondirent sur les miennes.

-Et c’est ce que tu veux toi aussi. Je le lis dans tes yeux…

Sa langue investie ma bouche, conquérante, savante, experte même et je retins un râle de plaisir pour se baiser sauvage, ce premier vrai baiser de mon existence.

-Dans ton corps…

Et déjà ses mains glissaient fermement le long de celui-ci…

Je sais que quelque part je l’ai encouragé, que l’espace d’un moment j’ai aimé la chaleur de ses bras, son assurance, sa force, cette faim de moi qu’il avait, mais je savais aussi que c’était mal. Que je restais malgré tout bien trop innocente pour un homme comme lui. Que je ne voulais pas ça, pas pour ma première fois. Que je ne voulais pas être salie plus que je ne l’étais déjà. Cet homme ne m’aimait pas, ne me respectait même pas, il me tuerait sans la moindre hésitation s’il le fallait, il m’avait déjà frappée, humiliée… Non je ne voulais pas de lui, je ne voulais pas de ça. Je ne voulais pas descendre encore plus bas dans ce que j’étais déjà devenue depuis que j’avais mis les pieds en Britlingua. Aussi je le repoussais, encore et encore jusqu’à ce qu’il n’immobilise mes mains et se glisse entre mes jambes.

-Oh non ma jolie, ça fait bien trop longtemps que j’attends ça et apparemment toi aussi. Je t’ai façonné, tu es à moi, tu ne serais pas en vie sans moi, tu ne serais rien, tu sais ça ?

Une larme glissa le long de ma joue, celle-ci était justifiée cette fois…

***

J’avançais encore et encore pour m’éloigner de la capitale, traversant les bois, coupant à travers champs pour éviter la route principale. Je ne voulais pas prendre le risque de croiser quiconque. J’avais peur que l’on me force à revenir sur mes pas. Je n’avais pas réfléchi sur le moment, quand il avait quitté ma couche, sans un mot, il m’avait fallu de longues minutes pour prendre conscience de ce qu’il venait de se passer. De longues minutes où tétanisée, je m’étais mise à entasser quelques affaires dans un vieux sac en jute avant de filer droit devant sans même prendre le temps de réfléchir. Je ne le voulais pas, je ne pouvais pas, je savais bien qu’à un moment où un autre, tel un élastique trop tendu, je risquais de me prendre la réalité de pleine face, mais j’avais besoin de mettre autant de distance que possible entre ce qu’il s’était passé et moi. Comme si la distance rendrait moins réel tout ce qui s’était passé. Et c’est ce que j’ai fait, des jours et des nuits durant, j’ai fuis la vérité, je l’ai fuis lui, j’ai fuis cette capitale que je haïssais. Jusqu’à ce que je croise la route d’une caravane et que l’on me demande :

-Quel est ton nom ma jolie ?

La femme me regardait, son grand chapeau vissé sur sa tête, attendant que je lui donne une réponse. Une réponse nécessaire puisque je venais de lui demander du travail. J’avais besoin de me nourrir, de me laver et mon regard criait sans doute ma détresse, et cette caravane s’éloignait encore un peu plus de cette capitale qui m’effrayait. C’était l’occasion parfaite et s’est pourquoi je décidais de me départir de mon mutisme et de la solitude. Seule, sans arme, je ne survivrai plus très longtemps, je le savais, mon expérience dans ce monde me l’avait prouvé. J’avais besoin d’elle, besoin des siens sans trop savoir comment je m’en sortirai, ni même où mes pas m’emmèneraient… Alors je pris le temps de réfléchir quelques secondes à ma réponse, quel nom pouvais-je lui donner ? Anastasia ? Elle n’était plus depuis longtemps maintenant ? Anja ? Je ne voulais pas que l’on puisse remonter ma trace. M’obliger à revenir en Britlingua. J’avais fui, après tout, sans raison apparente. Ne risquais-je pas des ennuis ? Une peine pour désertion ? Je ne m’étais jamais posé la question jusque-là.

Alors dans ce village perdu au milieu de nulle part, je fus accaparée par l’image d’un père et de sa fille, qui me rappelèrent ceux, qui bien longtemps plus tôt m’avaient fait prendre conscience que Stepan pensait agir pour mon bien.

Elenna… je m’appelle Elenna.

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+5 Juste au cas où ^^
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Elenna Anastasia Varden

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